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Citations sur Les tueuses en talons aiguilles (22)

L’endroit devait pourtant être habité, car une odeur de ricoré s’échappait d’un bunker de dossiers empilés, à quelques encablures de là. à l’intérieur, deux bureaux grisâtres se faisaient face, entourés par des cloisons amovibles. Sur celle qui les accueillit, des cartes postales, des slogans qui devaient remonter aux années 1968 et suivantes : « IL EST INTERDIT D’INTERDIRE », « éCHOUER ENSEMBLE C’EST DéJà RéUSSIR », « DIEU N’EST PAS MORT, IL EST EN VOYAGE », et quelques coupures de journaux sans intérêt.
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Que pouvait faire l’homme pour modifier son destin ? Très peu et beaucoup à la fois. Tout dépendait de l’échelle, de l’angle de vue. Couper le fil de la vie d’un Kévin Dubois, pas difficile ! Que cela changerait-il à la surface des choses ? Rien, probablement. Mais il fallait bien continuer le boulot, si on voulait progresser. Ou alors… Ou alors, il n’y avait plus qu’à attendre la fin du monde, la sienne en tout cas, en sirotant un verre sur sa terrasse. Ç’avait été trop longtemps son choix. Totalement illusoire. Elle en avait conscience désormais. Coûte que coûte, il convenait d’avancer vers la pureté.
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À son âge, il n’avait rien à cacher ! Et puis il n’avait peur de rien. Élément essentiel, que le gendarme devina après des détours invraisemblables, la cuisine donnait sur la RD 84. Au cours de la « nuit tragique », alors qu’il revenait à son lit, satisfait d’avoir vidé sa vessie dans un délai raisonnable (ce n’était pas toujours le cas, insista-t-il en faisant un subtil distinguo entre les fois où c’était trop lent et les fois où ça partait vite), les phares d’une voiture avaient éclairé l’intérieur de son habitation. Le véhicule arrivait de la route qui mène au bois des Permesses.
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Je veux un mec qui joue sa vie chaque fois qu’il me fait l’amour, un mec qui me roule dans un lit d’étoiles filantes, pas un fonctionnaire du plaisir. Bisous, papouilles et coït : c’était bon pour nos grands-mères. J’ai besoin que tu m’inventes le monde tous les matins et tous les soirs et qu’on se jette dans le vide ensemble à n’en jamais revenir. C’est la seule vie que j’imagine…

Ticky avait essayé de se défendre. Plus pour la forme que sur le fond. Il le savait bien qu’elle avait raison, Isabelle. Il n’avait rien d’un de ces meneurs charismatiques qui vous font tout plaquer sans regret : amis, amours, famille, reste, et qui, jour après jour, parviennent à renouveler le sentiment de la première fois. Lui, il se contentait de rabâcher les idées des autres, de les reprendre à son compte, de les maquiller pour donner l’illusion qu’elles sortaient de sa petite tête.
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Éplucher l’environnement des victimes du tueur anonyme de la Vienne. Les filles, les mères, les sœurs, les cousines, les copines des victimes. Et les mouvements féministes. Quelle avait été leur réaction à l’époque ? Etc. Etc. Gustin-Gorenflot a été exécuté à proximité de chez lui, sur une route qu’il prenait régulièrement, alors dans un premier temps, se concentrer sur le secteur et fouiller les pistes locales. Bon, je ne vais pas vous mâcher tout le travail. Vous connaissez maintenant. Je vous laisse traduire aux gendarmes de Lussac. Réponse rapide. Merci.
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Combien de tueuses ? Une ? Deux ? Portant des talons quasi identiques ? Avaient-elles tendu un guet-apens à leur victime ? Savaient-elles qui elles tuaient, ou Gustin-Gorenflot n’avait-il croisé leur route que par hasard ? Agissaient-elles pour elles-mêmes ou pour le compte d’un commanditaire ? Le meurtre présentait-il un lien avec les histoires anciennes d’agressions de femmes seules ? Les tueuses pouvaient-elles être simplement des proches des malheureuses proies du serial-killer du Sud-Vienne, ainsi que l’avait laissé entendre Prouteau ?
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Combien de tueuses ? Une ? Deux ? Portant des talons quasi identiques ? Avaient-elles tendu un guet-apens à leur victime ? Savaient-elles qui elles tuaient, ou Gustin-Gorenflot n’avait-il croisé leur route que par hasard ? Agissaient-elles pour elles-mêmes ou pour le compte d’un commanditaire ? Le meurtre présentait-il un lien avec les histoires anciennes d’agressions de femmes seules ? Les tueuses pouvaient-elles être simplement des proches des malheureuses proies du serial-killer du Sud-Vienne, ainsi que l’avait laissé entendre Prouteau ?

Le substitut déplia sa main gauche posée sur le volant. Sa paume le faisait souffrir. De petites coupures rougeâtres zébraient sa peau. Le rappel de sa trouille chronique.
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Étrange, une main. Elle vous appartient et ne vous appartient pas. On croit enfin la connaître lorsqu’elle caresse un corps, et puis un beau jour on lui colle une arme à feu, la crosse froide bien dans la paume, serrée comme une ultime chance. Sur la gâchette, l’index hésite, tâtonne un peu, puis trouve ses marques. Le bras se lève lentement, ajuste et le coup part. La main, qui ne savait qu’ouvrir des pages, rouler un joint, flatter la courbe d’une épaule, n’a pas failli. Un type est couché dans le fossé. Il gueule comme un veau mais la scène a l’air si lointaine, si irréelle, que ses cris ne montent pas jusqu’à vous. La main réarme et tire à nouveau. Une fois. Deux fois. Silence.
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Malgré toutes les explications philosophiques ou religieuses, il n’avait jamais réussi à admettre que l’on puisse se faire rayer de la carte sans préavis et apparemment sans retour. Ni l’âge ni l’expérience du métier ne l’avaient durci, au point qu’il se demandait de plus en plus sérieusement s’il n’allait pas solliciter prochainement son passage dans la magistrature assise. Pour l’heure, en attendant la mutation providentielle, il avait trouvé une astuce pour supporter la vue de ces dépouilles saccagées, au regard vide ou empreint de terreur : se concentrer sur une autre douleur. Il serrait donc le poing très fort, enfonçant des ongles qu’il gardait longs à dessein dans la chair de sa paume. Lorsque la piqûre atteignait le dernier degré du soutenable, il stoppait la pression. Il avait gagné. Le cadavre pouvait pisser de toutes ses plaies ou lui infliger ses prunelles fixes, il était passé au second rang. C’était de l’amateurisme, il le savait. Mais il n’avait pas trouvé autre chose. En ouvrant la portière, il se fit la même réflexion qu’à chaque déplacement : toujours pas blindé, Réoux ! Une onde de jalousie le dévora : certains des ses collègues auraient, eux, mangé sur la tête d’un mort, comme le dit l’expression. Enfin, il allait essayer d’assurer une fois de plus.
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seconde. Le tableau que la jeune femme offrait, penchée vers la chaussée détrempée, le fit frémir. La jupe courte laissait apparaître des bas noirs, attachés à l’ancienne par des porte-jarretelles. L’un était grossièrement filé. Il devina une peau pâle, secrète, et sentit une chaleur subite inonder son entrejambe. Indiscutablement, c’était du bon ! Une nymphomane qui revenait à la maison après avoir cherché l’aventure ? Ou au contraire un retour de soirée vers le paddock des célibataires ? En tout cas elle n’avait pas froid aux yeux, la nénette ! Le seul ennui était qu’il se trouvait un peu trop proche de ses bases. Mais on pouvait toujours voir.
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