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Critique de Joad


Madame de Saint-Sulpice présente l'avers et le revers d'une comédie humaine sous fond de drame ecclésiastique.

Un peu moins de 20 ans après la préface de Michel Foucault aux mémoires d'Herculine Barbin, Boudard exhume à son tour une autre vie fragile. Un destin qui déborde.

Tout débute par des mémoires aux pages arrachées. A cette époque Boudard est encore sollicité, il n'avait pas le temps sur le coup. En lisant de plus près, il découvre que l'histoire de Blandine est exceptionnelle, en dépit du fait que le donateur ne soit plus de ce monde.
Que révèlent ces mémoires?
Un premier amour interdit parce qu'en soutane a donné naissance au Saint-Mathieu, renvoyant Blandine dans le monde séculaire et donc civil. Elle s'est vue malmenée par un patron repoussant dans un magasin de confection de vêtements pour le Saint-Père. le premier coup de canif survient lorsqu'un dignitaire de haut-rang dégouline sur la main de Blandine car, il est vrai, elle laisse peu de gens indifférents. Puis il y a un certain Landru (le vrai) et bien d'autres aventures, qui l'amèneront dans une maison close, presque une bonne nouvelle pour celle qui, sujet tabou s'il en est, aimait les plaisirs de la chair plus que de raison (religieuse) et ne savait où aller sans côtoyer la misère. Blandine grimpe les échelons en même temps que les femmes et hommes jusqu'à devenir tenancière. L'Abbaye ce n'est pas une cage à poules. Blandine mène la grande vie avec des résidences secondaires, des robes de couturier et le champagne durant l'Occupation.
le tout forme donc une fresque de la première moitié du XXe siècle, où l'Abbaye reçoit du petit curé au cardinal renommé, des célébrités, des hommes politiques et plus largement tout le gratin de l'époque.
Plus qu'ailleurs, l'auteur montre qu'une éducation au couvent (des Oiseaux) aide à tenir une Maison. Ces deux mondes (prostitution et ecclésiastique) sont liés. le second couvre le premier, surtout à l'Abbaye, ce lieu de reconstitution où se conFESSE à Saint-SUPPLICE les tentations inavouées, homosexuelles, zoophiles, pédophiles. En un mot c'est le lieu où l'ascèse de la chair pourtant sermonnée n'a pas droit d'asile.

De ce fait, des éclats de rire ou au minimum des ricanements surgissent de la part du lecteur. On découvre ainsi un vélo sans selle à bon usage ou un chien, Nestor, dressé pour des aventures tout à fait étonnantes!

Pour les lecteurs fidèles de l'auteur, on y voit des répétitions avec d'autres ouvrages, notamment La Fermeture et L'étrange Monsieur Joseph.
La fin de l'ouvrage est problématique: tout tombe en eau de boudin (ou boudoir plutôt) car les pages sont arrachées.
Pas le meilleur Boudard, mais un bon. Pour les franches rigolades et les vrais retour d'expérience sur un milieu encore trop fantasmé, rêvé, désiré.

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