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Critique de Sachka


Que ceux parmi vous qui ont l'habitude de porter une casquette à carreaux sur la tête lèvent la main !
Personne ? Personne parmi vous ne porte une casquette à carreaux ?
Ah si ! Là, au fond de la salle, je vois une main levée. Mais qui vois-je ? C'est mon ami croquignol, quelle bonne surprise... Bien au chaud collé contre le radiateur, il a encore la trace de sa main sur la joue et à côté de lui les deux copains Fandol et Pancrace.

Tu lèves la main car tu as une question à poser croquignol ? Oui. Tu veux savoir si on peut remplacer la casquette à carreaux par un Stetson comme celui de Johnny Cash. Pourquoi pas même si le sujet aujourd'hui ne porte pas sur le Stetson mais sur la traditionnelle casquette à carreaux. Mon petit Fandol tu as une remarque à faire ? Tu préfères porter ton nouveau casque HJC Ibex sonic 16 ventilations, tu trouves que c'est plus flatteur avec le maillot jaune pour les sorties du dimanche. Pancrace aussi ? Un bonnet de neige à gros pompon pour randonner dans le Valais. Ah ! Tu viens d'obtenir ta première étoile, félicitations.
Et bien vous me prenez de court tous les trois, je pensais vous faire une rétrospective sur l'art et la manière de porter la casquette à carreaux aussi il ne me reste plus qu'à vous raconter une histoire incroyable et tenez-vous bien car je ne devrais même pas vous la raconter tant il est dangereux d'en répéter le moindre mot. Cette histoire je ne la tiens pas de n'importe qui, c'est Serge Boudoux en personne qui me l'a soufflée. Bien sûr d'autres que moi ont eu vent de cette histoire comme mon amie Cancie et la pauvre n'a plus jamais été la même après ça.
Vous avez peur ? Non. Pourtant vous devriez...

2019, Emmanuelle et Isabelle, deux jeunes trentenaires fraîchement mariées décident de tout plaquer. Elles laissent tomber leur vie trépidante à Lyon pour celle bien plus douce de la Provence, du beau Pays de Fayence. Elles font l'acquisition avec une facilité déconcertante (un peu trop même) d'une somptueuse demeure nichée dans un cadre idyllique au milieu des vieux oliviers face à la Baie de Saint-Raphaël. le rêve à porter de main me direz-vous. Oui mais pour lequel les acheteurs ne se bousculent pas puisque dans le village de Montauroux on la surnomme "la maison du malheur". Faisant fi des superstitions, l'affaire étant trop belle pour passer à côté, nos deux jeunes mariées y posent prestement leurs valises et c'est en nettoyant la cave qu'elles font une découverte des plus inattendues : dissimulée sous une dame-jeanne, une petite boîte en plastique contenant une mystérieuse clé USB dont Emmanuelle se dépêche de découvrir le contenu, qui ne l'aurait pas fait à sa place ?
Si la clé USB contient des photos et des articles du journal local relatant la disparition macabre d'une gamine de la région le 8 mai 2018, plus surprenant encore, elle contient un témoignage écrit, un témoignage désespéré, celui d'un homme : Jean-Paul, professeur de grec et de latin qui fit bâtir avec sa femme Martine la belle demeure qu'Emmanuelle et Isabelle viennent de s'offrir pour une bouchée de pain. Jean-Paul, un enfant du Pays qui raconte son histoire et quelle histoire effroyable que celle de sa rencontre avec le vieil homme prénommé Charles-Henri, un drôle d'hurluberlu qui a pour particularité de toujours porter une casquette à carreaux sur la tête et qui dit avoir 120 ans si ce n'est pas 150, il ne sait plus... Mais qui est ce vieux fou qui vit à quelques centaines de mètres seulement du Mazet et dont, chose curieuse, Jean-Paul ignorait l'existence jusqu'à ce jour fatidique du mois de mai 2018 ? Ce maudit jour comme il dit si bien, durant lequel il a bu le breuvage au goût de paradis que lui avait servi le vieux sorcier sans se douter un seul instant des répercussions que cela allait avoir sur sa vie, sur celle de sa douce Martine mais aussi sur celle d'Emmanuelle et d'Isabelle car dans la vie soyez en certains, il n'y a pas de hasard, chacune de nos actions, aussi anodine, aussi insignifiante peut-elle nous paraître au moment où nous l'exécutons (ou pas...) aura des conséquences qui dépassent l'entendement.
Alors je vous le dis, si demain vous rencontrez le vieil homme qui porte une casquette à carreaux sur la tête, fuyez malheureux ! Passez votre chemin ! Surtout ne le touchez en aucun cas et une dernière chose : veillez toujours à emporter un parapluie avec vous où que vous alliez même s'il fait un soleil radieux car sait-on jamais vous pourriez croiser sur votre route non pas un chat noir mais le chat de Schrödinger et vous retrouver réduits à l'état d'une insignifiante petite mouche sur la main d'un individu dangereux et malveillant.

Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse le soin de découvrir la suite de l'histoire mais sachez que j'ai été happée de la première à la dernière page de ce thriller fantastique aux allures d'Ancien Testament. L'écriture de Serge Boudoux est savoureuse, teintée de cet humour noir que j'aime tant, il n'hésite pas à nous accompagner durant la lecture en intervenant régulièrement avec des réflexions pertinentes et universelles, il nous offre également de nombreuses citations de poètes, de philosophes qui viennent s'insérer comme par magie dans le récit qui est divisé en sept parties. Il nous est même conseillé de prévoir quelques doses de paracétamol et d'Ibuprofène pour pouvoir appréhender les parties dans lesquelles nous prenons connaissance de l'effroyable prédiction de Charles-Henri, prédiction qui m'a laissée bien songeuse avec sa date funeste échue au 15 novembre 2021 car personne ne saurait croire, vous m'entendez, personne, tant ce qu'il a prédit ne peut pas et ne doit surtout pas exister !

"Ils sont là depuis bien longtemps et vous observent comme vous observez des animaux dans un zoo... Et moi je suis le gardien du Zoo."

Épilogue :
Trois heures plus tard, la salle s'est vidée de ses occupants, mes trois chahuteurs sont rentrés chez eux, je suis seule, je m'apprête à partir quand la porte s'ouvre. Un retardataire à cette heure-ci ? Qui ça peut bien être ?
Soudainement un flash de lumière violent vient m'aveugler, m'obligeant à fermer les yeux durant quelques secondes, quand je les réouvre je ne suis plus dans la salle mais chose incroyable devant le mazet à Montauroux, un homme avance tranquillement vers moi, il porte une casquette à carreaux sur la tête. Je distingue mal. C'est vous Charles-Henri ? Voilà que je deviens folle, Cancie m'avait prévenue. Mon Dieu ! Mais... Mais c'est... Mais c'est mon camarade berni29 ! Qu'est-ce-qu'il dit ? Quoi ?!
Je suis le gardien du Zoo.


* Mille mercis à Cancie, (je vous invite à lire sa belle critique) et à Serge Boudoux dont l'imagination débordante et l'amour qu'il porte à son beau Pays de Fayence ont su me toucher.
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