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Critique de Bigmammy


Lyon, septembre 1920.

Dans la ville où fut créé en 1910 (par Edmond Locard) le premier laboratoire de police scientifique de France, le commissaire Victor Kolvair et le professeur Hugo Salacan travaillent en étroite collaboration. Les techniques que nous connaissons aujourd'hui n'en sont pourtant qu'à l'état embryonnaire : les fichiers anthropométriques inventés par Alphonse Bertillon sont largement utilisés, mais on commence à peine à travailler sur le génome.

En fait, toute la ville est en attente d'un spectacle alléchant : le bourreau Deibler doit bientôt venir de Paris pour procéder à une exécution capitale. On organise des « soirées guillotine ».

Un important industriel vient d'être retrouvé dans l'arrière-cour d'un grand hôtel, transpercé de violents coups de couteau dont l'angle d'attaque semble prouver que l'assassin ne mesure qu'un mètre vingt-huit … Un enfant ? Un nain ? Comment, pourquoi ?

Le commissaire Kolvair ne répète jamais ses questions : il laisse le temps à ses interlocuteurs d'y répondre. Il a appris de son père que rien ne servait de courir. Plus tard, sa jambe en moins, tribut à la Grande Guerre, lui a confirmé que l'existence était une épreuve de fond.

Le procureur, lui, a hâte de boucler cette affaire et le premier suspect correspondant aux premières conclusions des experts sera le bon. Pour lui, le jeune criminel, qui a signé d'une croix des aveux, n'attire pas la compassion. C'est un enfant de l'Assistance, déjà épinglé pour de menus larcins et il n'a que onze ans. La France, depuis l'Armistice, ne considère pas comme prioritaire la délinquance des mineurs. Encore moins sa protection. Depuis 1912 existe pourtant une loi qui prévoit la constitution de tribunaux pour enfants. Mais il n'en existe pas encore à Lyon. Cette triste affaire va au moins permettre au juge Puzain d'en initier un. Sombre victoire !

Au coeur de ce roman ramassé, l'enfance saccagée et la peine de mort. La plongée dans l'horreur de ce temps est décrite sans fioritures inutiles. Il y a les « gentils », ceux qui mettent au service de la manifestation de la vérité toute leur énergie et les ressources les plus récentes de la science mais aussi les « méchants » : ceux qui forcent les aveux de personnes fragiles, qui punissent des enfants en les plaçant dans des colonies pénitentiaires qui sont de véritables bagnes, des patrons qui abusent de leurs domestiques, des journalistes prêts à toutes les compromissions pour publier un papier sensationnel.

Et puis il y a toujours la splendide Bianca : aliéniste, pulpeuse, subtile … amoureuse de Victor, elle éclaire de son regard les recoins les plus sombres de cette histoire aussi haletante que « le sang des bistanclaques », premier roman de l'auteur, que j'avais trouvé un peu bâclé. Je révise donc mon jugement dans le sens positif.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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