AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Melcleon


Ce portrait qui illustre la couverture du livre a fait le tour du monde, du monde des photographes, professionnels ou amateurs, en tout cas. "Young Man, Gondeville, 1951". Il faut être né dans le département 16, ou y avoir vécu quelques années, pour savoir que Gondeville est un bourg situé au bord du fleuve Charente, au pied des molles ondulations portant le vignoble cognaçais. C'est le cas de Michel Boujut, qui a grandi à Jarnac, tout à côté, et qui aurait pu connaître le "jeune homme en colère" de la photo, à peine plus âgé que lui. À la fin des années 1990, l'envie lui prend de savoir ce qu'est devenu le jeune homme, pourquoi il arborait ce visage farouche devant l'objectif du photographe. Celui-ci est aussi connu que la photo : c'est l'Américain Paul Strand, homme de gauche qui a quitté les États-Unis aux débuts de la chasse aux sorcières initiée par le sénateur McCarthy. En France, Strand, poursuivant son projet de capter l'essence de la vie rurale, est invité par l'écrivain Claude Roy, dont la mère possède une propriété viticole à Gondeville, sur laquelle travaille la famille du jeune homme : qui mieux que ces métayers, communistes à l'instar de Claude Roy à l'époque, peuvent symboliser le prolétariat – travailleurs de la terre, petits artisans, commerçants de village – que Strand vénère ? Claude Roy était également un ami d'enfance du poète Pierre Boujut, le père de Michel. Toutes ces coïncidences, s'ajoutant au goût de l'auteur pour les images, composent comme une impérieuse exhortation à rechercher le jeune homme, devenu homme d'âge mûr, voire retraité.
Au terme de cette "enquête buissonnière" uniquement faite de rencontres et de conversations (hormis une recherche sur le Minitel, infructueuse...), Michel Boujut a pu apprendre de la bouche même de Claude Grijalvas pourquoi il avait l'air si courroucé quarante-cinq ans plus tôt.
Commenter  J’apprécie          31



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}