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Critique de mylena


Pour comprendre ce roman il faut réaliser qu'en 1918 Kiev a été le théâtre d'affrontements entre de nombreux combattants, la ville a été prise et reprise plusieurs fois, parfois en très peu de temps. Il y avait l'Armée de Petlioura, l'Armée rouge, l'Armée blanche, l'Armée de la Triple-Entente (les Allemands), l'Armée de Pilsudski (Pologne) et l'Armée de l'anarchiste Nestor Makhno.
Un ancien hetman au service de l'armée impériale, Skoropadsky, a pris le pouvoir contre le gouvernement ukrainien (la Rada, instaurée en 1917), il est soutenu par l'Allemagne et résiste à l'Armée de Petlioura qui sème la terreur. Les réfugiés affluent à Kiev, fuyant l'Armée rouge, celle de Petlioura et celle de Makhno. Petlioura va prendre la ville. Avant la bataille, Skoropadsky, les Allemands et le chef de la Garde blanche s'enfuient, abandonnant leurs troupes et leurs officiers. Les uns résistent et se font tuer, les autres se cachent, se terrent comme la population. Quelques mois plus tard Petlioura est battu et l'Armée rouge rentre dans Kiev. Voilà pour le décor historique du roman qui lui est avant tout centré sur l'histoire de la famille Tourbine, famille de l'intelligentsia, d'un milieu proche de celui de Boulgakov. Il y a Nicolas, 17 ans, jeune officier qui veut faire son devoir jusqu'au bout, contraint de s'enfuir. Il y a son frère, Alexis, 27 ans, médecin comme Boulgakov, grièvement blessé, secouru par la mystérieuse Julia. Et puis il y a leur soeur, Hélène, que son mari a abandonné en fuyant avec les Allemands. Au début du roman, c'est l'enterrement de leur mère, qui symbolise la sainte Russie. Les deux frères vivaient jusque là sans soucis, pris dans la tourmente, ils se sentent obligés de s'engager auprès de l'Armée blanche, mais sans jamais combattre tant la ville de Kiev est ballottée d'un camp à l'autre. Tout chez eux reflète un passé à jamais révolu, en particulier leur appartement qui semble un havre de paix au milieu de la tourmente. Mais on est fort loin d'une description idéalisée du camp pro-tsariste : il y a des lâches, on y voit des actes de pur antisémitisme gratuit, la vision de la religion des frères Tourbine est fort peu orthodoxe. La morale de l'histoire à laquelle tout conduit est formulée et résumée dans les dernières lignes : "Tout passera. Les souffrances, les tourments, le sang, la faim, la peste. le glaive disparaîtra, et seules les étoiles demeureront, quand il n'y aura plus trace sur la terre de nos corps et de nos efforts. Il n'est personne au monde qui ne sache cela. Alors pourquoi ne voulons-nous pas tourner nos regards vers elles ? "
Ironie de l'histoire : Boulgakov, ne pouvant faire publier son roman, en a tiré une pièce, « Les journées des Tourbine », qui, bien qu'interdite aussi dans un premier temps par la censure, a fini par être autorisée, Staline l'ayant appréciée lors de la première. C'est un très beau roman que la complexité des événements historiques rend un peu difficile à lire.
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