Le bar était sordide, depuis ce comptoir en bois jusqu'aux habitués, scotchés devant leur ballon de vin rouge dès huit heures du matin. Même la patronne, trônant derrière son zinc, semblait en mauvais état.
Une tension palpables régnait dans le hall d'entrée. Une dizaines d'hommes, en costumes sombres, se saluaient, présentaient leurs cartes tricolores en investissant le perron de la SDLC. Certains avaient l'air de cow-boys modernes, ils n'hésitaient pas à laisser entrevoir leur arme de service, bien rangée dans un fourreau sous leur veste.
Le décor semblait tout droit sorti d’une ville fantôme telle qu’on la voit dans les westerns. Les rues étaient désertes, les devantures fermées derrière d’épais rideaux métalliques. La voie principale de Lacanau plongeait dans l’océan.
Maintenant, ils avaient un cadavre sur les bras, et le corps était encore chaud ! Le crime avait été commis tout récemment, et son auteur devait être encore là, quelque part. Pascal Nekka prit une grande inspiration. Il avait retrouvé son instinct d’enquêteur. C’était plus une intuition à ce stade, un retour aux fondamentaux ; il savait comment procéder.
« La découverte du monde dans lequel gravitait Muriel la terrorisait, elle n’avait jamais imaginé ça. Elle comprenait mieux son obstination à protéger sa vie privée à la limite de la paranoïa. Elle essayait de se remémorer les confidences qu’elle lui avait fait ce soir. Elle n’avait jamais connu sa mère et son père était décédé.