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Critique de andras


J'ai beaucoup aimé ce premier livre de Nina Bouraoui qu'il m'est donné de lire. Dans la première partie du livre, Nina (abréviation de Yasmina) vit avec sa famille en Algérie, près d'Alger. On devine qu'elle a entre 12 et 15 ans. On est une dizaine d'années après l'indépendance de l'Algérie. Son père, Rachid, est algérien, il a fait de hautes études en France et travaille désormais pour le compte d'organismes internationaux ce qui l'amène à voyager très souvent. Nina vit donc le plus souvent avec sa mère, Maryvonne ou "Méré", bretonne (Rachid et Méré se sont connus à l'Université de Rennes), sa soeur qui a quelques années de plus qu'elle et sa grand-mère paternelle. Elle fréquente le lycée français et ne connait que quelques rudiments d'arabe. En dépit de cela et de sa difficulté à s'intégrer car perçue comme étrangère par les autochtones, elle éprouve un amour viscéral pour ce pays, pour ses paysages, la mer, les plongeons depuis un rocher sur la plage et pour Amine, son ami, qui symbolise à lui seul tout cela. Dans la deuxième partie du livre, l'auteur nous raconte des vacances en Bretagne chez ses grands-parents avec sa soeur et plusieurs cousins. Certes elle aime ces vacances, mais elle lui font aussi ressentir qu'une partie d'elle est en Algérie et qu'elle ne peut partager cela avec ses cousins français.

A cette thématique d'une identité culturelle déchirée entre les deux rives de la Méditerranée, se superpose pour Nina Bouraoui une recherche de son identité sexuelle. Avec Amine, elle joue à inverser les rôles : elle, qui a une carrure masculine, serait le garçon tandis qu'Amine endosserait un rôle féminin. Rien n'est aussi clair que cela. Beaucoup de choses sont seulement esquissées et l'auteur nous laisse combler les vides entre ses phrases sèches, ultra-courtes, qui sonnent comme des coups sur une enclume ou parfois comme des gifles en pleine figure.

Après une cinquantaine de pages, j'ai craint de me lasser de ce style violent, presque barbare, mais j'ai trouvé au fil des pages qu'il se mettait particulièrement bien au service de cette double déchirure dont ce livre veut rendre compte, pour éloigner toute tentation de pathos et pour nous faire sans doute mieux percevoir la révolte intérieure de l'auteur. Un livre très original qui je pense résonnera longtemps en moi.
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