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Critique de brigittelascombe


"La mort m'appartient, j'en ai fait mon unique souci, mon unique préoccupation." "Voici mes murs, voici ma demeure, je vis dans le temple de la mort".
Des mots durs et doux à la fois, ceux d'une étrange prose qui déroulerait son chapelet satanique. Un livre viscéral qui vous dérange, vous remue, vous choque, vous prend aux tripes, vous cisaille et vous torture avec délectation, vous pervertit pour éventrer sous vos yeux les chairs pourpre de quelque oisillon blessé, pour étouffer définitivement quelque plainte furtive, pour arracher quelques ailes, cils, poils ou plumes et mettre à nu la révolte d' une enfant blessée par une "femme en habit d'os", celle qui éduquait sans vraiment aimer.
Mystérieuse messe vaudou, chant sacrificiel, scarifications et mutilations d'une méchante petite fille aux doigts souillés de sang. Extase et jouissance morbides qui planent au fil des phrases.
Un "J'irai cracher sur vos tombes" à la Boris Vian, cri primal d'une visiteuse de cimetière, d'une déméleuse de secrets, qui a choisi le camp des allongés pour ne pas être jugée, qui ne se contente pas de cracher mais qui tue pour de vrai en enfreignant la loi.
Voyage en solo d'une solitaire, mélancolique "aux rires voraces" et désobéissante, dont l'imaginaire a pris le pas sur la réalité, dont on fuit la mauvaise compagnie mais que nous lecteurs suivons, hypnotisés dans son antre de folie pure.
Nina Bouraoui en virtuose, affute ses mots, puis les enrobe de douceur pour mieux planter ses griffes au coeur de l'indicible.
Est ce sa double culture entre l'Algérie du père et la Bretagne de la mère, son désir d'identité, ou son propre déracinement qui lui permettent de combler ses propres fissures en ouvrant celles de son personnage ébréché puis scindé petit à petit face aux suppliques d' Ada dernière suppliciée?
Qu'importe! Seul compte le résultat, paradoxal qui glace et brûle à la fois.
Cet écrivain chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres, née en 1967, nostalgique de l'enfance et l'adolescence et très réservée a été remarquée en 1991 avec un prix du livre Inter attribué à La voyageuse interdite, puis le Renaudot pour Les mauvaises pensées en 2005.

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