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Critique de Sachenka


C'est une histoire bien étrange que nous sert Ioanna Bourazopoulou. Bizarrissime, même, pour reprendre une expression de la quatrième de couverture. Dans un futur pas trop lointain, un cataclysme a complètement transformé le visage de la terre, la Méditerranée s'est agrandie, faisant de Paris un port de mer. Vous l'avez compris, une partie de l'Europe a été engloutie, ainsi que des pans de l'Afrique et de l'Asie. Décor assez apocalyptique ! La cause de ce cataclysme ? On ne sait pas. Peut-être une punition de Dieu ? En tous cas ça ferait un lien avec le titre. On se rappelle que, selon le récit biblique, Loth et sa femme ont fui Sodome et Gomorrhe, qui allait être détruit par Dieu. Malheureusement, la femme de Loth a contrevenu aux ordres et elle s'est retournée pour regarder. Qu'a-t-elle vu ? Dieu ? Quoiqu'il en soit, elle fut transformée en sel.

À l'autre extrémité, là où se trouvaient les limites de l'Asie Centrale, le conglomérat des Soixante-Quinze a établi une sorte de colonie où on extrait un sel mauve, produit très puissant que tout le monde s'arrache. Encore ce sel, qui rattache à la légende biblique… Quand le gouverneur est tué, les soupçons se portent sur six autres individus haut placé (la femme du gouverneur, le président du tribunal, le commandant, le prêtre, le secrétaire et le médecin) puis on scrute à la loupe leurs déclarations. Les Soixante-Quinze, basé à Paris, retiennent les services de Philéas Brook, l'inventeur des Lettres croisées, pour démêler tout cela. Plutôt décrypter !

Ainsi, en lisant les déclarations des six suspects du meurtre du commandant, le lecteur peut essayer de résoudre l'énigme. Mais les lettres parfois se contredisent, la femme du gouverneur laissant paraître ses doutes sur le commandant, le médecin sur le prêtre, etc. On découvre que ces six individus se trouvent dans la colonie sous une fausse identité, chacun ayant un passé pas très net. On peut même douter de leur raison. Aussi, des événements étranges se produisent, certains affirment avoir vu un navire approcher de la colonie mais il n'en reste aucune trace. Bref, le bizarre fait une entrée par la grande porte dans ce bouquin de plus de quatre cents pages.

Il est extrêment difficile de résumer succinctement «Qu'a-t-elle vu, la femme de Loth ? » Ce que j'ai écrit plus haut ne rend pas justice à l'oeuvre. On y retrouve beaucoup de thèmes communs à la science-fiction mais également quelques uns ayant une portée plus grande, comme la hiérarchie, l'obéissance, les libertés personnelles, la rédemption, etc. le fait que je n'aie pas accroché à l'intrigue – j'en suis presque déçu – n'enlève aucune des qualités au roman. Bourazopoulou semble avoir beaucoup d'imagination pour créer et expliquer le monde, l'univers qu'elle a créé.

Normalement, j'aime bien les romans policiers, je raffole des énigmes mais celle-ci était trop difficile pour moi. Les indices vont dans tous les centres, on ne peut se fier aux déclarations de chacun et l'intrigue prend des proportions gigantesques, allant bien au-delà du simple meurtre du gouverneur. Il est question de pirates, de trafic de sel, d'intérêts étrangers (les Mamlouks de Suez ?). J'ai fini par me sentir tout mélangé et, conséquemment, à ne pas apprécier ce moment de détente que constitue habituellement la lecture. Pourtant, je suis aussi capable de m'intéresser à un petit défi intellectuel mais, dans ce cas-ci, niet. Quand j'ai pris connaissance de la solution aux Lettres croisées, à la fin, je me suis dit qu'il aurait impossible que je le trouve par moi-même. Bref, «Qu'a-t-elle vu, la femme de Loth ? » est un rendez-vous manqué avec l'auteure grecque.
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