La Femme de Gilles

Elle était parvenue à donner aux objets eux-mêmes un reflet de malheur. Ainsi, s'accordant avec la douleur dont son cœur et sa chair étaient enfin imprégnés, ils lui redevinrent familiers.

Ah ! que tous les jours de la vie soient pareils à celui-ci ... jour fait de petits bonheurs juxtaposés.

Dieu… ce sont des choses qui arrivent… et si tu ne me le disais pas, à qui d’autre pourrais-tu le dire ?

Et, monotone, la vie qui s'écoulait tout naturellement dans le bonheur s'écoula dans le malheur, tout naturellement. (p33)

Une idée comme une autre. Et facile à réaliser : si l'on n' un sexe, n'est ce pas pour s'en servir ?

Il y a des malchances si déconcertantes que l'on ne peut admettre tout de suite leur réalité.

Cinq heures...Il va bientôt rentrer..." se dit Elisa. Et voilà qu'à cette idée elle ne peut plus rien faire.

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Et comme si la première fois depuis des mois il reprenait
conscience de cette femme qui vit près de lui, il dit :
- Oui, tu m aimes, Elisa... Je le sais. Et moi j ai agi avec toi comme un salaud...
- Si tu le dis toi-même, c'est que tu ne l es pas tant que cela... repondit-elle avec un sourire forcé.

Dans le malheur le temps passe vite, quoiqu'on en dise. Aucun point de repère ne peuple le temps révolu, aucune joie ne distingue un jour d'un autre. Rien que du lamentable. Toujours le même.

C'est chaque jour la même chose. Gilles sera là dans quelques minutes: Élisa n'est plus qu'un corps sans force, anéanti de douceur, fondu de langueur. Élisa n'est plus qu'attente.