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Critique de Piatka


Trouvé par hasard, savouré avec curiosité, ravissement, parfois une pointe d'ennui, mais aussi une pointe d'envie, ce petit recueil regroupe les lettres incandescentes adressées à Fany, de 1927 à 1937 essentiellement, par un écrivain poète que je découvre à travers cette correspondance à sens unique. Les lettres d'un amour total, exigeant, voire excessif, couleur de thé comme le qualifie lui-même Joë Bousquet, écrites sur un ton tour à tour amoureux, badin, léger, érotique, changeant, rageur, frustré, impatient.

Il n'est bien sûr pas question de lire d'une seule traite ce recueil sous peine d'indigestion de "je t'aime" et de "ma chérie" qui le ponctuent tels des mantras de dévotion amoureuse, et ces lettres valent infiniment mieux qu'une vulgaire indigestion.
Elles donnent à voir toute la palette des couleurs de l'amour : ses roses, ses bleus, ses jaunes, mais aussi ses gris, ses noirs, ses demi-teintes ou ses traces indélébiles que sont en définitive ses attentes, ses délices, ses caresses, mais aussi ses affres, ses désillusions, ses déceptions.
Des lettres très personnelles bien sûr, mais où l'on retrouve cependant une vraie valeur universelle et surtout des phrases d'une grande beauté qui m'ont poussée à en savoir plus sur cet écrivain, assez peu connu si je me réfère au nombre de lecteurs Babelio et à ma propre ignorance.

Blessé à Vailly en mai 1918, il commence à vingt et un ans une vie allongée, sa moelle épinière ayant été sectionnée. Il est " un homme rejeté de sa vie " comme il le dit lui-même dans une de ses lettres, et lutte quotidiennement pour dompter la douleur et parvenir à sonder l'étendue et la puissance de sa vie intérieure. Et puis surtout, il clame inlassablement l'amour du fond de son lit autour duquel se rassemble écrivains célèbres, poètes, amis et amies.

" La peur de vivre est cachée dans l'amour. Et, ainsi dissimulée, elle ne s'appelle plus la peur de vivre, mais bien l'amour de vivre. "

Un destin que j'ai envie de rapprocher de celui de Frida Kahlo, transpercée par une barre de métal lors d'un accident de la route à l'âge de dix-huit ans. Et tout comme elle, le surcroît d'énergie qu'exige leur handicap pour simplement survivre et apprivoiser la douleur leur permet d'accoucher d'une force de vie créatrice hors du commun qui s'est magnifiquement matérialisée dans la peinture pour Frida et l'écriture pour Joë.
Nul doute que je vais continuer ma découverte de cet auteur à travers ses romans et son unique recueil de poésie. Et même si la dernière phrase de ce recueil ne m'est pas adressée, à sa question " Reviendrez-vous ? ", je réponds sans hésiter " oui ".
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