Officier de renseignement, c'est vivre au cœur du silence. Sans larme ni cri, ombre au théâtre des ombres, français sans identité, emmuré dans une vie qui n'est pas la sienne. Il faut aimer le silence pour accepter de vivre non seulement avec lui, mais en lui. Je le respecte autant que je le déteste. Je lui dois la vie. Il me doit le prestige. À lui, les lauriers. À moi, le mutisme. Son étreinte que j'aime et qui m'accable, ce devoir de servir les miens, Gaulois bigarrés de Navarre et d'ailleurs, cet engagement d'une vie que j'emporterai dans ma tombe, donne une saveur singulière à l'existence. Mais qui suis-je ? Qui serai-je dans vingt ans ? Un soldat sans souvenir ? Peut-être. Je ne sais pas. Ceci est mon secret