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Critique de topocl


Ce qui est vraiment unique, dans ce livre, c'est ce mélange de joyeuseté et de désolation. Plongée dans un enfer de solitude, décrite avec un charme et une poésie qui en allègent la lourdeur.

À l'issue d'un périple de deux ans en Inde, Nicolas Bouvier fait une station de plusieurs mois sur l'île de Ceylan, avec pour seuls compagnons ses livres et sa machine à écrire,s ans nous en expliquer les motifs, sans doute parce que c'est un homme qui vit l'instant.
Son seul contact, qui se voudrait ressourçant mais creuse sans doute le fossé, ce sont les lettres que lui apporte le facteur : sa mère, les post-scriptums de son père, et sa petite amie qui lui donne de ses nouvelles sous la forme d'un faire-part de mariage. Nicolas Bouvier s'installe dans une auberge minable, fréquente un bistrot populeux, suit des routes, se rend sur la plage, dans un village réputé pour ses sortilèges. Il observe avec un oeil qui mêle la malice, la poésie, le rêve. La population locale lui paraît inamicale, voire mesquine, et ce n'est qu'avec quelques individus réels ou imaginés, qu'il tisse un lien : l'épicière tamoule, le fantôme du jésuite, l'horloger réparateur de machine à écrire… Ces portraits tendres et facétieux semblent sauver l'espèce humaine, à laquelle, le temps passant, Nicolas Bouvier préfère la fréquentation des insectes, espèce omniprésente, puissante, à la fois discrète et envahissante. Dans cette ambiance poisseuse de chaleur et vaguement hostile, Nicolas Bouvier, qui est arrivé malade, plonge peu à peu dans une étrange noirceur indifférente, dont la narration rétrospective, constitue un petit chef-d'oeuvre de délicatesse amusée.

Nicolas Bouvier, voyageur immobile, a l'élégance de ne nous conter son désespoir que pour nous faire sourire, jouir de la langue, connaître des hommes et des femmes étranges et différents, l' accompagner, lui, le nomade devenu un temps sédentaire, frôlant la folie, fréquentant les poissons-scorpions et les escarbots .
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