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Critique de Cigale17


J'ai d'abord été complètement conquise par le style et par le début assez mystérieux de ce roman. Trois différents narrateurs à la première personne, « Gabriel », « Rose », « Edmond », et un narrateur à la troisième personne mettent en scène les différents personnages de cette histoire éprouvante.
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Il y a quarante-quatre ans, Gabriel, curé d'un petit village, entend une femme en confession. Celle-ci le prévient qu'il aura à bénir une internée récemment décédée à l'asile d'aliénés et lui demande de récupérer discrètement sur le corps de cette infanticide de précieux carnets. Patiemment, discrètement, grâce à la complicité d'une infirmière compatissante, Rose y a relaté sa sordide histoire. Les carnets nous entrainent donc presque un demi-siècle auparavant. Rose a vécu dans une ferme avec ses parents et ses sœurs avant de connaître bien des malheurs... Pour assurer la survie du reste de la famille (sa femme et ses deux autres filles), Onésime vend son aînée à un maître de forges qui se révélera brutal et pervers. La mère de cet homme est une sadique qui manipule Rose et couvre les exactions de son fils. On ne sait trop quand situer ce drame : quelque part entre la toute fin du XVIIIe siècle et le milieu du XIXe, j'imagine, peut-être même un peu plus tard. Franck Bouysse nous entraîne dans un univers très noir, une époque où les domestiques sont considérés comme des esclaves (ils sont achetés, corvéables à merci, moins bien traités que les chiens du maître, etc.), et où une classe sociale « supérieure » se trouve assurée de son impunité quoi qu'elle fasse.
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J'ai lu ce livre avec intérêt presque jusqu'à la fin en partie prévisible et en partie trop rocambolesque à mon goût pour que j'y croie. J'avais déjà tiqué à cause du style bien trop soigné des carnets : Rose, paysanne, à peine scolarisée, écrit vraiment trop bien pour que ce soit vraisemblable ! L'auteur s'en justifie d'ailleurs à plusieurs reprises, lui faisant lire des journaux et apprendre des mots, même ceux dont elle ne connaît pas le sens, entre autres exercices pour justifier la qualité littéraire des carnets. Il ne suffit cependant pas de supprimer systématiquement la première partie de la négation pour rendre le texte de Rose compatible avec sa situation et ses probables connaissances académiques. J'ai pourtant été, malgré ce que je considère comme des défauts, très sensible au style de Franck Bouysse qui réussit à émouvoir en dépit de quelques invraisemblances et de cette surenchère de noirceur qui, moins bien écrites, m'auraient fait décrocher avant même le milieu du roman…
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Merci au Grand Prix des lectrices de Elle et à La Manufacture de livres pour ce roman plus que noir…
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