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Critique de Gwen21


Je crois qu'il est urgent de lancer un avis de recherche ! Où sont donc passés les lecteurs qui n'ont pas aimé ce roman ? Je sais qu'il y en a, et plus d'un, un simple sondage auprès de mon entourage m'en ayant donné la certitude. Où êtes-vous, lecteurs qui ne vous êtes pas enthousiasmés pour l'histoire navrante de Rose ? Craindriez-vous vraiment de publier un avis à contre-courant ?

Deux mois entiers pour venir à bout de ce roman qui compte pourtant moins de 350 pages... Quel chemin de croix ! Quel ennui ! Quel pensum ! Oh, et les retours en arrière narratifs incessants pour rejouer la scène à travers le regard d'un autre personnage témoin de ladite scène ! Quoi de plus lourdingue ?

Mais, au juste, à quoi ça sert un tel roman ? Ce n'est ni divertissant ni angoissant, ça n'apporte aucun élément sur une époque, un événement, un mode de pensée... On ne peut situer ni le lieu ni l'espace ; aucune description de traits ou de particularités, ce qui donne inévitablement des personnages sans consistance dont la moitié est parfaitement inutile si ce n'est pour permettre à l'auteur de noircir quelques chapitres supplémentaires.

L'héroïne elle-même n'est pas crédible pour un sou : jeune campagnarde vivant dans la misère noire mais pourtant lettrée, suffisamment en tout cas pour écrire son histoire dans des cahiers, pas assez lettrée toutefois pour avoir un langage écrit correct, mais quand même assez lettrée pour sortir un aphorisme toutes les trois lignes. C'est la cata quand un auteur prétend faire s'exprimer un personnage aussi ambigu sans véritable statut. On peut légitimement supposer que le récit se déroule quelque part entre la moitié du XIXème siècle et le premier tiers du XXème siècle et ça parle comme dans la cour de votre immeuble : "Ce putain de vide et ce putain de rêve qui avaient pas voulu se mélanger à moi."

Et même quand c'est un narrateur impersonnel aux manettes, on n'échappe pas à un style bancal ("Edmond ne me quittait pas de ses yeux réduits à deux rondelles claires évidées en leur centre."). Parlons-en d'Edmond, le personnage masculin dont la virilité (quelles épaules ! quel cou de taureau !) est bien mise à mal par une couardise qui ferait pâlir d'envie Joseph Bruce Ismay en personne !

Franck Bouysse m'a donné la désagréable impression de constamment chercher à dorer son blason d'écrivain en servant au lecteur un lexique un brin atypique pour l'étonner et le convaincre qu'il maîtrisait avec agilité la langue de Molière. Au final, cette technique aura été sans effet sur moi, je ressors exténuée par cette lecture et, cerise sur le gâteau, pas émue une seconde par le destin improbable des personnages. le puzzle est gros, les sabots sont gros, les ficelles sont grosses ; trop de tiroirs finalement vides pour une histoire sans finalité et au dénouement lapidaire qui n'apporte aucune réflexion, aucun enseignement et ne contient aucune profondeur.

Enfin, je m'étrangle en apprenant que ce roman a reçu un prix des lecteurs dans la catégorie "Policiers" ; si "Né d'aucune femme" est un roman policier, alors moi je suis la femme cachée de Theo James !


Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge ATOUT PRIX 2021
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