Il avait souvent trouvé que les gens tempéraient leurs points de vue extrêmes quand ils plongeaient au cœur de la controverse et étaient exposés à l'autre camp. Ce n'était pas le cas de tous, mais d'une grande partie. Il était plus facile de garder ses distances et une idéologie stricte quand on n'était pas agressé par la réalité. (p. 133)
On se fiche qu’il soit créatif ! s’était écrié Bud en crachant le mot comme un insecte qui se serait glissé dans sa bouche. Il est aussi bon à rien que des tétons sur un taureau.
Une demi-heure après que Clay McCann fut entré dans le poste de rangers isolé pour remettre ses armes encore chaudes et eut annoncé au ranger, sidéré, qu'il venait de massacrer quatre campeurs près du Robinson Lake, ce dernier lui avait dit avec nervosité :
— La police sera là d'un instant à l'autre. Vous voulez appeler un avocat ?
McCann leva les yeux de dessus le banc grossier où il était assis.
(…)
— Vous ne comprenez pas, dis McCann. Je suis un avocat
– Mais enfin, qu’est-ce qui ne va pas chez nos parents ?! lança Marybeth, irritée. C’est parce qu’ils sont de cette génération-là ?
– Je crois, répondit Joe. Les premiers baby-boomers. Ils ne pensent qu’à eux.
– Pauvres de nous, dit-elle. On va encore devoir les supporter pendant des années.
Yellowstone, un endroit si impressionnant et si exceptionnel qu’en 1871 l’expédition Hayden avait conçu l’idée originale du premier parc national du monde – une réserve de neuf cent mille hectares comptant plus de dix mille phénomènes thermiques, de nombreux canyons, chutes d’eau et espèces animales et végétales – pour qu’aucun homme ou société ne puisse jamais le posséder. Enfant, Joe y était allé des dizaines de fois. Beaucoup de ses premiers souvenirs comprenaient des geysers, des marmites de boue, des ours et des touristes. Il avait adoré le parc plus que tout autre endroit et annoncé à ses parents son intention d’aller y vivre pour pêcher, camper et faire des randonnées jusqu’à la fin de ses jours. C’était un lieu magique et il l’avait préféré au paradis parce qu’à cet âge-là il ne pensait pas qu’il puisse y avoir des ruisseaux à truites dans les nuages.