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Critique de 974JerLab34


La très documentée ségrégation à l'encontre des peuples autochtones perpétrée par les Etats-Unis d'hier et d'avant-hier ainsi que les errements coloniaux des vieilles nations européennes épargnèrent sans doute pendant longtemps au Canada l'image d'un pays impérialiste. Désormais, nul ne peut ignorer les pages sombres de l'histoire de ce pays dont j'avoue avoir longtemps eu une représentation irénique. Joseph Boyden, fier d'une ascendance pluriculturelle, est un de ces artistes qui oeuvre à la reconnaissance des spoliations dont furent victimes les minorités ethniques de sa patrie. Minorité ? Un terme éloquent puisque nous parlons là d'une civilisation qui peuplait le continent depuis des millénaires et manquât de disparaître entièrement en une poignée d'années. D'ailleurs, l'emploi du passé simple mériterait d'être interrogé tant les conséquences d'une politique brutale d'assimilation sont encore douloureusement observables. Les suicides ou la consommation de drogues légales ou illicites sont les signes les plus tragiques. Mais les atteintes écologiques par le biais de la prédation capitaliste sur les ressources des immensités glacées sont d'autres violences qui pèsent aujourd'hui sur ceux que nous appelons injustement les Indiens. Dans ces treize nouvelles, Boyden célèbre la richesse des cultures autochnones mais surtout, il évoque tous les abus qu'elles subirent et donc subissent. Quelques unes de ces nouvelles sont ironiques, dressant des portraits tendres de rêveurs confrontés à une altérité souvent menaçante. Généralement, ces nouvelles narrent des tragédies où drogues, abus sexuels, spoliation sont de mises. Toutes ces histoires ont en commun d'être écrites avec précision. le style de Boyden est limpide même si ses thèmes, hélas, sont sombres.
Parmi ces treize nouvelles, j'ai un faible pour le jeune garçon qui se rêvait catcheur et pour la jeune fille sucre : dans cette « légende », Boyden déploie tout son art pour dénoncer le drame de la perte d'identité.
Tout au long du livre, Boyden, talentueux défenseur des opprimés, donnent une voix à des êtres déboussolés. le livre, construit comme un panorama qui suit les points cardinaux, se termine par le Nord. Les quatre dernières nouvelles mettent en scène une même histoire vécue par des acteurs différents. Dans cette splendide et quoique cruelle apothéose, l'écrivain sème, par la voix d'un vieux guérisseur, quelques graines d'espoir qui laisse à penser qu'un jour, l'humanité sera plus sage et plus éclairée. D'un océan à l'autre, il reste encore du bouleau !
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