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Critique de nadejda


Dans «Le chemin des âmes», précédent roman de Joseph Boyden, c'est Niska la tante qui ramène à la vie son neveu Xavier, revenu de l'enfer de la guerre de 14-18 sans Elijah, l'ami avec lequel il s'est engagé pour participer aux combats en France, où ils se trouveront sur la terrible Crête de Vimy près de Lens, où périrent 60.000 canadiens.
«Les saisons de la solitude» nous fait partager l'échange silencieux entre Annie, nièce de Will Bird, qui parle à son oncle pour le sortir du coma dans lequel il demeure depuis une agression. Will Bird est le fils de Xavier du chemin des âmes.
Et tous deux, nièce et oncle, remontent les pistes qui les ont menés là où ils en sont. Tous les deux sont des chasseurs, des trappeurs qui aiment la vie solitaire dans la nature. Ils en connaissent les codes. Quand ils sont confrontés à la vie dans les villes, dans notre monde ils perdent leur identité. 
Annie part sur les traces de sa soeur Suzanne qui a quitté sa famille pour être mannequin et dont elle et sa mère sont sans nouvelles. La piste suivie par Annie qui va la mener de Toronto à Manhattan, dans un milieu trouble, rejoindra celle de son oncle Will Bird confronté lui-aussi à la violence.
Violence de Gus Netmaker ami de Suzanne et de son frère Marius, «un être malfaisant qui a introduit le mal au sein de notre communauté, une illusion qui s'oppose à notre spiritualité et à nos traditions, une illusion qui promet une liberté inatteignable» p 167
Ce roman est celui du choc entre deux mondes, deux civilisations l'indienne tout en intuition et qui a conservé, ou tente de le faire, ce lien des âmes, entre hommes, plantes et animaux, attentifs au moindre mouvement, glissement entre intérieur et extérieur et le monde des blancs. Les indiens vivent encore, pour certains d'entre eux, en symbiose avec leur milieu contrairement aux blancs qui, eux, ont perdu ces contacts subtils ou préfèrent les ignorer. Quand ils entrent en contact avec «notre monde» ils se trouvent désemparés, souffrent et l'alcool et la drogue prennent le relais de leurs traditions. 
Perdant pied, ils croient retrouver, par l'usage de ces deux succédanés, leur pouvoir magique, leur vol à travers l'espace et le temps, dans le monde des esprits de leurs ancêtres. Mais c'est en retrouvant une vie simple proche de la nature au sein de leur clan qu'ils peuvent tenter de préserver un équilibre harmonieux.

«La vie dans la forêt est simple. Répétitive. Mon père savait qu'il n'y avait que trois choses indispensables dans les bois. du feu, un abri et de la nourriture. On consacre chaque instant à les rechercher, ou à y penser.» p 245
«Je marquais le passage des jours par des encoches dans une souche, mais comme tant d'autres choses, cela ne satisfaisait guère mon imagination, et j'ai fini par me lasser. Qui a besoin du calendrier de l'homme blanc quand on a le soleil, la lune et les étoiles ?» p 252

Ce roman tout en étant très prenant n'atteint pas la force du «Chemin des âmes» mais cela reste une lecture que l'on n'oublie pas. Il faut lire les deux.
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