Ce quatrième pilier de la maison des grandes dystopies est sans conteste un vrai et bon roman. Si, contrairement à 1984 surtout, le meilleur des monde aussi et même Nous (quoi que pour ce dernier dans une moindre mesure), il ne brille pas par son caractère exhaustif, total oserai-je dire, via une "description" complète de ce que pourrait être un nouvel ordre techno-fasciste (ici les ressorts et les décors de la société sont quand même assez floutés), la réflexion qu'offre
Kallocaïne sur l'idée de
transparence absolue a toutes les raisons de retenir notre attention. Car s'il y a de fortes chances pour que cet accès au monde intérieur de chacun ne se fasse pas via l'inoculation d'un sérum de vérité, le développement des nouvelles techno et de l'hyper connexion pourraient bien (c'est peut-être déjà le cas) finir par avoir les mêmes résultats : comme l'ont brillamment montré
Marc Dugain et
Christophe Labbé dans L'Homme nu. Avec cet appréciable apport de
Kallocaïne réussit à montrer à quel point l'individualisation du rapport au monde est bien le terreau sur lequel peut pousser cette dictature du contrôle absolu des habitants : l'autre face d'une société des individus (dont on prétend vouloir assurer les droits les plus intimes et le bonheur le plus personnel) c'est bien la mise à mort de la communauté, du groupe, du lien social.
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