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Critique de Sachenka


Depuis le temps que j'entends parler de ces fameuses Chroniques martiennes, sa lecture devenait de plus en plus pressante alors je m'y suis mis finalement. J'ai été surpris de découvrir un recueil de nouvelles. Mais ça pourrait passer pour un roman, puisque toutes les histoires qui s'enchainent forment un tout, une suite logique. de la première expédition sur la planète rouge, dont les équipages auront connu des fins inattendues et un peu drôlasses, aux arrivages massifs de colons « comme des sauterelles, par nuages entiers […] » (p. 130) puis éventuellement de touristes, le tout projeté dans les années 2030 essentiellement.

L'auteur de science-fiction Ray Bradbury était un visionnaire car il a imaginé à quoi pourrait ressembler ces différentes expéditions sur Mars dans les années 1940, donc avant les missions habitées dans l'espace et sur la Lune, avant l'exploration de Mars par des sondes. Ainsi, il faut saluer son effort créatif. Pourquoi n'y aurait-il pas des êtres humanoïdes télépathiques, qui vivraient dans des maisons au confort semblable aux nôtres, préoccupés par leur propre existence, amateurs d'art et de religion ? On est loin des petits hommes verts. Toutefois, là où le génie de Bradbury m'a un peu déçu, c'est que la planète la planète rouge ressemble énormément à la Terre.

Mais Bradbury semblait avoir comme souci la crédibilité aussi. Les premières missions habitées vers Mars sont dirigées par quelques poignées d'astronautes, des militaires. Ces individus sont accueillis étrangement par les Martiens (un mari jaloux, puis un psychiâtre dans un asile de fous) ou bien se perdent dans des boucles spatio-temporelles. Très original ! Puis, un peu plus tard, les expéditions connaissent plus de succès mais les habitants de Mars sont presque tous disparus… victimes de la varicelle. Ça vous rappelle quelque chose ? L'arrivée des Européens en Amériques ? Dès lors, plus rien n'empêche la venue de colons en grands nombres. Il faut dire que, dans cette vision futuriste, la Terre souffre encore de multiples maux, comme la guerre ou une catastrophe nucléaire imminente, alors pourquoi ne pas tout recommencer à neuf sur une nouvelle planète ? Il me semble que ce cours des événements aurait pu se produire si notre planète voisine avait une atmosphère respirable…

Contrairement à plusieurs ouvrages de science-fiction que j'ai lus, hermétiques et compliqués, ici, dans les Chroniques martiennes, le style est limpide. Je l'ai lu rapidement, sans difficultés. le ton de plusieurs des nouvelles qui le composent assez varié, oscillant entre l'humoristique, le dramatique et même le poétique. Aussi, il aborde des thèmes sérieux comme l'environnement et la religion. Par exemple, ce Spender qui se rend compte que Mars est un endroit spécial, unique et qui essaie d'éviter que les Terriens ne viennent en grand nombre la saccager. Et que dire de ce père Peregrine qui vit une expérience spirituelle. Ce respect de la planète est touchant et fait écho aux groupes environnementaux ici sur Terre qui militent pour la protection de la nature. Par moment, l'auteur se fait également le critique de plusieurs enjeux sociaux comme le racisme. Ainsi donc, j'ai l'impression que l'auteur explore davantage l'humanité que sa planète voisine. Conséquemment, si certains pourraient penser que ce recueil a mal vieilli, il demeure un classique pour toutes ces raisons.

Dans tous les cas, Mars ne sera plus. Ou, du moins, la planète rouge comme on la concevait n'est plus dès lors où les Terriens se l'approprient et la transforment au gré de leurs besoins, « empoisonnée par la civilisation terrienne » (p. 318). Mais, en même temps, elle sera toujours. J'apprécie beaucoup les derniers mots du recueil, quand un garçonnet dit à son père qu'il a toujours voulu voir des Martiens. « Les voilà, dit papa. Il hissa Michael sur son épaule et pointa un doigt vers le bas. » Les deux colons fixent leurs reflets dans un lac.
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