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Critique de batlamb


Ray Bradbury, le champion du fantastique déguisé en science-fiction, se fait ici le héraut de l'autobiographie maquillée en roman noir.

Ainsi l'écrivain vieillissant se remémore-t-il à sa façon la période d'avant la reconnaissance. Il revit les nuits pluvieuses passées sur la machine à écrire avec dans la tête un « sombre carnaval » qui trouve un point d'ancrage dans la déréliction du port de Venice (Californie) et s'y déverse en une galerie de personnages plus grands que nature, véritables phénomènes issus d'une foire cinématographique et antique. Ces dinosaures parfois hollywoodiens s'apparentent spirituellement à une certaine bestiole du recueil « Les pommes d'or du soleil », et la corne de brume du port de Venice y fait régulièrement écho au fil de ce texte truffé de résonances intertextuelles, clins d'oeil aux nouvelles en gestation du jeune Bradbury.

Le personnage de l'enquêteur, Crumley, se retrouve réduit au rang de figurant face à un Bradbury qui enquête avant tout sur lui-même via le prétexte de l'enquête policière. À travers elle, il se met en quête d'une confrontation symbolique avec la peur de la solitude et de la mort. C'est un plongeon dans le noir, mais aussi une célébration, comme la fête des morts mexicaines (pays si récurrent chez l'auteur). Car ce texte est avant tout une friandise poétique où sons, bonbons et vieux néons se mêlent aux ballotements des vagues et aux courants d'air du bord de mer, insaisissables comme l'assassin qui rôde et que seul le tapotement des doigts de l'écrivain sur son clavier semble pouvoir repousser...

PS : la version française semble assez douteuse, à en juger d'après le titre, surtraduction de "Death is a lonely business".
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