Depuis des années, la discrétion était sa demeure. Comme beaucoup d’enfants battus, il faisait tout pour se faire oublier, de crainte d’attirer l’attention.
L'expression excedée de leur curé les contraria plus que des mots ne l'eussent fait. Son irritation confirmait si bien la rumeur qui circulait déjà qu'il devint évident pour tous que c'était la vérité. Le désordre était arrivé avec ce guignol empenné d'une aile verte. Il avait corrompu la vie de ces montagnardes au quotidien réglé par les cloches d'un bout à l'autre de l'an. Ce drôle de lascar surgi de nulle part avait apporté avec lui une épidémie de dévergondage...
Cela faisait trois ans que ces femmes étaient en manque de bras pour abattre leur besogne le jour et étreindre leur corps la nuit
La nuit, elle revivait des corps à corps sensuels avec Vincenzo qu'elle redoutait d'avoir perdu à jamais. Combien de fois avait-elle répété les scènes d'amour vécues avec lui ? Leurs derniers ébats ce reproduisaient inlassablement dans sa mémoire. Le soir venu, elle voyait leur corps de nouveau emmêlés, de nouveaux ne formant qu'un, dans une connivence absolue. L'obscurité plongeait ses souvenirs torrides dans une brume chaude et enivrante.
L’idée de se retrouver seul avec un groupe de femmes jeunes inconnues voleta alors dans son esprit. Il se figura les jupons légers, les corsages décolletés, les boucles soyeuses, les dents brillantes, les cils longs comme des ailes de papillon. Il devait ces détails à l'observation des demoiselles croisées, rencontrées, désirées, aimées. Car Vincenzo aimait les femmes. Toutes les femmes. Chaque femme.
Ces événements contraires à la décence se sont déroulés en été, alors que les femmes étaient privées d’hommes depuis trois ans. Privées des bras solides pour abattre leur travail le jour et étreindre leur corps la nuit.
Une ode sensuelle et magnifique aux femmes