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Critique de polacrit


Pour Jacques, fils d'un des plus importants notaires de Bourges, l'avenir semble tout tracé: il fera son droit, travaillera dans l'étude paternelle, épousera une femme issue de la bonne société berruyère qui lui donnera des enfants aptes à reprendre la relève. Bien entendu, Zoé n'a pas sa place dans ce panorama idyllique. Mais les jeunes gens s'aiment et vivent leur amour à l'abri des marais qui entourent la ville.

La capitulation et l'occupation de Bourges changent la donne, poussant chacun dans ses retranchements: pour, contre, neutre, chacun selon ses propres motivations. "Moi aussi, je veux rester français, reprit Jacques d'un ton sec. C'est pourquoi je soutiens l'action du Maréchal. Sans lui, nous aurions fini dans un bain de sang. Tandis que là...Les Allemands défilent chez nous, oui, mais sans s'en prendre aux civils, que je sache. La guerre est finie, Zoé. Nous allons connaître à nouveau la paix. -La paix sous la botte des Boches? Jamais!" (Page 51).

Malgré son hostilité à l'égard des envahisseurs, la jeune fille est contrainte par son père de travailler aux usines Balland, spécialisées dans la fabrication de munitions et de grenades, constituant par là un lieu hautement stratégique et surveillé. Mais Zoé, qui ne s'en laisse pas compter, est décidée à résister avec ses faibles moyens. Elle accepte de servir de messagères pour son patron, qui fait partie d'un réseau de Résistance.

Tandis que Jacques, sous prétexte de voir de l'intérieur comment fonctionne l'administration allemande, accepte un poste à la Kommandantur. Les années passent. La lutte contre l'envahisseur se durcit. L'amour et les projets d'avenir des deux jeunes gens survivront-ils à la guerre et à leurs profondes divergences?

Tout l'intérêt de ce roman historique réside dans la capacité de l'auteur à mêler harmonieusement fiction et réalité: le destin de certains personnages du roman se confondant avec l'histoire avec un grand H: "Romain Larcher et ses camarades avaient été transférés au camp de détention de Royallieu, à Compiègne. Ils avaient rejoint d'autres militants communistes ou syndicalistes arrêtés depuis le 22 juin 1941, jour de l'attaque allemande contre l'Union soviétique. Plus de mille communistes, ou supposés comme tels, avaient été interpellés en zone occupée par les militaires de la Wehrmacht, avec le soutien actif de la police française." (Page 235).

Le+: Edouard Brasey sait poser un décor crédible en quelques pages contenant seulement les indications nécessaires afin de se lancer ensuite dans le récit en tout connaissance de cause: qui, quoi, où.

Le +: au fur et à mesure que le récit se déroule, on voit la situation se dégrader. Au début du roman, l'atmosphère est encore bon enfant, malgré la déroute de l'armée française et l'occupation d'une bonne moitié du pays. Jacques et Zoé continuent de se retrouver dans les marais, ne s'inquiétant que de leur amour et de leur avenir, ne songeant à aucun moment que la guerre va les rattraper et, peut-être, broyer leur destinée. Puis, les choses se gâtent: Jacques entre à la Kommandantur et Zoé travaille en zone occupée. Dès lors, sur le canevas des événements historiques, les protagonistes de Les Marais de Bourges se débattent pour leur survie et la sauvegarde de ce qui peut l'être, nous posant à des dizaines d'années de distance des questions d'éthique bien complexes.
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