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Critique de Tiephaine


Un essai sur les entités représentant "l'autre côté" du miroir, basé sur des travaux antiques, médiévaux, modernes et contemporains, mais qui peine à donner les idées claires.

Edouard Brasey est un habitué des ouvrages sur l'occulte et l'ésotérisme (plus que des ouvrages occultes et ésotériques, en tout cas), et sa plume se lit très bien. Cet auteur a pour lui d'avoir une bonne érudition sur son sujet, ainsi qu'une expérience de deux décennies, tout en ayant enquêté sur le "terrain" auprès de "sorciers", médiums et autres occultistes.

Ce "petit traité de démonologie" traite d'un sujet sulfureux, si j'ose dire: les démons. Autant le dire tout de suite, Edouard Brasey est avant tout un écrivain, un "amateur éclairé", et son objet n'est pas de rédiger un essai de théologie (ou plutôt, de démonologie...).
Cet ouvrage reprend en grande partie un autre ouvrage rédigé par Brasey, "Enquête sur l'existence des anges rebelles", paru chez J'ai Lu - Aventure Secrète à la fin des années 1990. Et quand je dis "reprendre", c'est un quasi copier-coller, avec élagage au passage (certains passages apparaissent ainsi plus éclairants quand on lit "Enquête sur..." !). Quand on s'en rend compte, très mauvais point... surtout que ces passages représentent une bonne moitié de l'ouvrage, et qu'ils n'apportent pas vraiment grand chose dans un ouvrage intitulé "petit traité de démonologie" (mais qui étaient tout à fait pertinent dans une enquête).

L'autre moitié de l'ouvrage consiste en un long chapelet de noms de démons, sorte de mini Dictionnaire Infernal (de Collin de Plancy, qu'il cite d'ailleurs énormément, parfois à tort, d'ailleurs). Cette partie-là n'a pas grand intérêt en soi, d'autant qu'elle comporte un certain nombre d'erreurs et de mauvaises interprétations.

Enfin, une dernière partie consacrée à l'incubat et au succubat, sujet extrêmement classique, reprend des avis et des références théologiques sur cette fameuse question du "commerce charnel avec les esprits" (qui couvre en fait un autre sujet: celle de la stérilité ou de la fécondité de telles relations sexuelles). Si elle peut être "amusante" à lire lorsque l'on ne connait pas du tout le sujet, elle se révèle très insuffisante lorsqu'on connait les ouvrages qui ont servi de bases à ceux sur lesquels se base Brasey (la plupart de ses sources ont été rédigées au 19e, or ces mêmes sources se basaient, elles, sur des traités médiévaux, voire pour certains, sur certains textes antiques: histoire d'un recyclage sans fin qui ne fait que générer des ouvrages qui n'apportent rien à un sujet déjà vide de sens). Edouard Brasey eut été bien plus avisé de lire des ouvrages tels que le Marteau des Sorcières (manuel de l'inquisiteur rédigé par Sprenger et Institoris vers 1450) ou de la Démonomanie des Sorciers (aussi connu sous le nom de Fléau des Démons et des Sorciers, rédigé par Jean Bodin vers 1570-1580), qui développent ce sujet à une époque où l'on brûlait des gens (surtout des femmes, mais pas que) parce qu'on les soupçonnait d'avoir eu des relations sexuelles avec le Diable (et dont on trouve des récits extrêmement détaillés dans ces dits ouvrages) lors d'une participation au Sabbat...

Ce traité de "Démonologie" laisse une impression d'inachevé, comme si Edouard Brasey se tenait devant une porte fermée en nous disant "voilà tout ce que vous devez savoir". Par exemple, il ne cherche à aucun moment à retrouver un archétype que l'on retrouve dans toutes les cultures ou presque (comme peuvent l'être la peur du noir, la peur des araignées ou des serpents, etc...), et il se contente du petit monde occidental, chrétien, hérité d'une tradition grecque ayant perdu au passage énormément de ses enseignements d'origine.
C'est un bel ouvrage, esthétiquement parlant, mais le contenu ne me semble ni à la hauteur de ses ambitions, ni à la hauteur du contenant.
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