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Critique de lesquatretresors


Après Respire, le Carnaval des monstres, Notre vie antérieure et Que rien ne tremble, ces romans qui ont été autant de jalons littéraires durant vingt années de son parcours de vie (2001-2021), Anne-Sophie Brasme revient en force, presque de manière inattendue comme si elle avait fixé l'heure idéale sans crier gare, avec Ce qu'on devient, tout récemment paru chez Flammarion.
Ce dernier livre, moi qui ai suivi de loin, comme d'autres, son cheminement depuis Respire, je l'espérais, comme quelqu'un qui attend « l'explication », me disant qu'un jour ou l'autre elle nous donnerait à lire un roman qui nous livrerait les clés, voire les secrets de sa vie de jeune écrivaine, des secrets devinés ou dits en filigrane (des non-dits parfois) à travers certaines de ses pages antérieures, notamment dans ses deux premiers romans – en effet, Respire et le Carnaval des monstres, publiés alors qu'elle a entre 17 et 21 ans, sont des romans de la déchirure, de la révolte et de la douleur, le premier ayant été applaudi par la critique, le second ayant subi son injustice. Il y avait quelque chose à comprendre, qui apparaissait moins dans les deux romans, plus apaisés, qui ont suivi… Et si Ce qu'on devient était l'acte final, le deus ex machina, la grande explication ?
En tout cas, Anne-Sophie Brasme a pris le temps. Elle sait qu'un roman, c'est comme un être vivant, il lui faut mûrir, se nourrir. Et voilà qu'elle a décidé, après tant d'années, de se livrer, osant se mettre à nu – et de quelle manière ! – à travers un très beau roman, bouleversant, émouvant, déroutant de sincérité, un roman courageux, comme elle avait eu le courage, à 17 ans, de Respire, puis de la laideur écrite du Carnaval.
Un roman qui peut « dérouter » le lecteur, au sens de le « faire sortir de sa route » (sans doute est-ce ce qu'a voulu l'autrice, et elle y est parvenue avec talent !), un roman qui laisse des traces et qu'on n'oublie pas. Un roman aussi sur l'amitié, qui montre s'il le fallait encore que l'amitié n'est pas, comme l'amour, comme la vie, un long fleuve tranquille, et qu'elle peut être rebondissante.
Un très beau roman. Un roman qui ne peut laisser indifférent. Par ce qu'il dit, par ce qu'il laisse au lecteur de ressenti, par l'empathie qu'il suscite, mais aussi par ses incontestables qualités littéraires. La « lettre à soi-même », celle retrouvée puis celle écrite vingt ans plus tard, quelle entrée en matière et quel fil conducteur ! Un échange épistolaire parfaitement maîtrisé, comme l'écriture (qui rappelle celles de Respire et du Carnaval), ciselée, toujours juste, toujours belle même pour dire ce qui fait mal.
Anne-Sophie Brasme a parfaitement réussi ce roman, qui restera comme l'un des grands moments de sa vie littéraire, et de sa vie tout court.

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