Dans leur tribu, la morale exigeait de l’homme qu’il protège la femme des insultes et des étranger.
Qu'allaient-ils faire à présent ? Si toutes les tribus s'étaient unies face à l'envahisseur au lieu de s'entre-déchirer sous le moindre prétexte, si elles avaient emprunté ensemble le sentier de la guerre quand il en était temps, peut-être auraient-elles pu chasser les Yeux-Pâles.
Maintenant, il est trop tard : le mauvais rêve de Grand Soldats'accomplirait. Dans tout le pays les hommes blancs viendraient en masse, à bord de leurs chariots, précédés par d'autres hommes avec leurs longs couteaux au bout de leurs bâtons-à-feu. Des Indiens courageux résisteraient, se battraient, il y aurait des combats sanglants, des morts, des scalps arrachés, mais les Blancs finiraient par l'emporter. Leur sort était scellé, les menaces, déjà se précisaient. Leur existence d'hommes libres allait prendre fin.Ils n'auraient plus le droit de parler leur langue. Des bruits couraient, insistants, dont on leur avait fait part à Saint Louis: les Indiens seraient contraints, tous, hommes, femmes, enfants, vieillards, de quitter leurs villages pour s'installer plus loi, en un endroit où ils seraient parqués comme du bétail. Dans combien de lunes ? On l'ignorait. On parlait beaucoup, aussi, ce cheval-de-fer qui allait traverser en tous sens les terres des hommes rouges.
- Mais pourquoi Dieu a besoin d'un fils ? Il n'est pas assez fort tout seul ? Notre Grand Esprit n'a pas d'enfant !
-Ne jugez pas les autres selon vos critères, monsieur Paul. Ces notes si douce à nos oreilles ne sont peut-être pour eux que vacarme. Voyez : dans leurs villages nos amis dansent devant leur " Grand Esprit", nous , nous prions Dieu à genoux dans nos églises et dans nos temples. Notre foi - celle des catholiques et des protestants qui se sont naguère tant combattus -notre foi, disais-je, est-elle pour autant supérieure à la leur ?
... que le soleil brillait pour tous, ils étaient tous, assurément, des enfants du Grand Esprit, tous des Fils de la Terre Mère; tous des hommes créés pour vivre ensemble.
- Grand Soldat me dit que les Yeux-Pâles coupent des arbres pour la fête qu'i appellent No-el. Ils les mettent dans leur maison et ils les laissent mourir. Est-ce vrai ?
Nos Anciens disent, et ils parlent bien : " Ne laisse jamais les femmes et les enfants manquer de quoi que ce soit."
-Moi, Jeune Soldat, j'ai chassé un ours, Wa-Sa-pé dans ma langue. Je l'avais regardé dans les yeux, il était en colère, il m'avait attaqué. Nous avons combattu. Les pattes de l'ours sont comme les mains de l'homme et il se tient debout lui aussi. Wa-Sa-pé est comme un frère. Quand je l'ai tué, avec mon couteau, j'ai demandé pardon à Wa-Sa-pé et j'ai soufflé de la fumée dans sa bouche pour apaiser son esprit.
L'Indienne revint se blottir contre son guerrier.
- Mon cœur pleure. Nos terres sont belles, là-bas c'est l'été maintenant. Je voudrais revoir nos rivières qui chantent. Nos prairies où l'on marche tout un jour au milieu des fleurs. Je n'ai pas ma place dans le monde des Yeux-Pâles. Que nous veulent-ils ? Ils nous parlent comme à des dieux. Nous ne sommes pas des dieux.