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Critique de Les_Lectures_du_Maki


Walter Kurtz était à pied, en voilà un énigmatique titre pour le premier roman publié sous le Label Mu des Editions Mnémos. La superbe couverture quant à elle nous montre la dualité de l'univers proposé par Emmanuel Brault : La Route versus Les Marcheurs.

Dans ce court roman, Emmanuel Brault nous propose une dystopie autour de la voiture comme mode de vie. La voiture est devenue l'habitat, et les kilomètres parcourus pardon les k-plats sont transformés en points permettant d'accéder aux besoins de première nécessité, se nourrir, s'habiller, louer des emplacements de parking et faire réviser sa voiture... bref la consommation pour et par la voiture via les kilomètres parcourus. Un monde ubuesque ! Dans la première partie, les kilomètres se font en compagnie de Dany, sa petite soeur Sarah et leur père. L'auteur nous dépeint un monde idyllique où le modernisme se résume à engranger les kilomètres... absurde, surréaliste mais incroyablement crédible. Rien ne semble mettre en péril ce monde merveilleux des Roues. Si ce n'est les Pieds...

Les Pieds, eux ont choisi (ou ont subi) leur mode de vie. Loin du tumulte des routes, ils se sont regroupés en petites communautés auto-suffisantes, vivant de trocs et de petits larcins. Loin de toute technologie, ils sont aux yeux des Roues au mieux des laissés pour compte, au pire de dangereux criminels sans aucune retenue. La rencontre entre les Roues que sont Dany et sa soeur et la civilisation des Pieds aura un impact sur les deux modes de vie.

Avec Walter Kurtz était à pied, Emmanuel Brault nous dépeint une société capitaliste poussée à son extrême. La consommation coûte que coûte au mépris de l'individu. Rouler pour consommer, le shopping comme seule activité puis reprendre la route, le plus souvent seul. Il met aussi en avant les possibles excès de la démocratie participative via le port-vie, smartphone qui permet de communiquer et de voter/proposer les lois. Mais c'est l'opposition des deux styles de vie qui fait mouche, chacun étant enfermé dans ses propres dogmes, dans sa vision étriquée. La confrontation est inéluctable et le résultat impitoyable !

Emmanuel Brault refuse ici tout manichéisme, constate simplement les dérives de la société. Difficile de ne pas faire le parallèle entre cet univers et la civilisation actuelle. le propos est clair et intelligent, il nous amène à réfléchir sur notre société de consommation.

Pour conclure, Walter Kurtz était à pied est un roman percutant et déroutant. Hypnotique et cruel dans ses deux premières parties, il devient violent et réel dans sa conclusion.

Lien : https://les-lectures-du-maki..
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