Une guerre n’est ni juste ni injuste : elle se gagne, peu importent les moyens utilisés. C’est pour cela qu’elle est horrible. Il n’y a plus de règles, sauf celle de gagner.
- Pourquoi on ne les aide pas ?
- Nous ne pouvons pas. La route est dangereuse, lui répondit mon père.
- On les laisse comme ça. Si ça se trouve ils vont mourir.
- Les secours vont arriver, lui dis-je.
- Je déteste la route, elle rend égoïste.
- Ce n’est pas vrai Sarah. Nous pensons à toi, à te protéger.
- C’est un prétexte. En fait, c’est chacun pour sa gueule.
Ma petite soeur s'était réveillée. Elle s'étirait de tout son long sur la banquette arrière «On dirait une chatte », lui dis-je en me retournant. Si je me léchais les jambes, oui! Mais là, non, répondit-elle du tac au tac. Les nuages avaient recouvert le soleil. Nous étions dans la Sept, une région aride d'étendues rocheuses, le genre d'endroit que l'on voyait bien précéder un immense désert. Mon père avait décidé de reprendre vers le nord, il ne supportait pas la chaleur.
Une guerre n’est ni juste ni injuste : elle se gagne, peu importent les moyens utilisés. C’est pour cela qu’elle est horrible. Il n’y a plus de règles, sauf celle de gagner.
Nos vies brillaient puis s’éteignaient dans le sillage de nos routes. Nous étions libres, d’autres voies étaient possibles. Mais, une fois la route prise, nous ne pouvions plus la quitter. La ligne blanche nous happait, l’horizon nous appelait, nous étions redevenus des nomades, incapables de dormir sous un vrai toit.
Les voitures nous survivent, elles sont les témoins silencieux et omniprésents de nos courtes vies, elles savent nos secrets et les emportent sur les routes.
Fragilisée par l effet du premier choc, cette dernière s écroula mollement sous le poids de la Simca, qui atterrit de biais dans le fossé. Son capot était broyé et avait emporté une partie de l habitacle.