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Critique de Soukiang


Cette histoire résonne dans le rythme lancinant des prismes du temps, l'héroïne se veut le miroir du combat face aux aléas de la vie qui jalonnent son existence, tantôt l'optimisme embaume son aura, tantôt la tristesse l'assombrit.
Cette succession d'épreuves forge et renforce le caractère déjà affirmé d'une artiste qui cherche à donner un sens à sa vie, à prendre conscience du temps qui passe, à donner le meilleur d'elle-même quand les rencontres ne le font pas, l'enrichissement personnel s'élève par l'expérience acquis au fil des années, par le parcours imposé par ses convictions ou par la force impalpable du destin.
Léa, la protagoniste de ce roman ne le sait pas encore, ses doutes, son introspection, sa souffrance intérieure, ses espoirs ne sont que le reflet et la revendication d'une femme qui va tout donner pour vivre pleinement, pour mériter l'offrande de la vie, il faut d'abord trouver une raison d'être, à commencer par apprendre à se connaître, à cerner ses limites, ses possibilités et surtout sa capacité à se surpasser pour subir et maîtriser les rênes de son devenir.

Les voyages forment la jeunesse c'est bien connu, l'artiste est en quête perpétuelle d'inspiration et de créativité, souvent incompris, parfois renié et forcé à l'exil, comme la citation du romancier canadien "Pour un artiste, la création n'est pas un travail, c'est respirer, c'est exister", le personnage principal ne cessera de se défendre devant l'absurdité d'un monde qui ne la comprend pas dans cette essence divine et propre à fustiger toute la réalité, quand elle tourne ou participe à un film, l'idée n'est pas d'endosser un rôle ou de la considérer comme son double incarnée, les songes et les rêves qui l'accompagnent les nuits, l'appel de ses chers "disparus", rien ne la préparera à ce qui l'attend dans un futur plein d'incertitudes et d'angoisses retenues, ce roman n'est pas seulement un témoignage bouleversant sur la vie d'une femme en quête d'amour, à la recherche de la grande passion, dans l'isolement au creux des vagues et des sillons formés par les mots, par une communication épistolaire intemporelle et dans le but de se réconcilier avec l'existence, c'est aussi cette volonté de braver tous les dangers qui se dressent sur sa route car son objectif est protéiforme, vaincre ses peurs, se réaliser pleinement en tant qu'être humain, femme accomplie et mère de famille, trouver la paix ancrée dans son coeur, pardonner et respecter les morts et les vivants.

Cette frontière délicate qui délimite la réalité et le rêve, ce minuscule rai de lumière qui laisse entrevoir des possibilités infinies, des visions et des compromis qui ne laissent aucune place à l'immoralité et aux doutes, les questionnements et thématiques universelles sont multiples, la différence qui creuse l'écart entre les humains, l'histoire qui s'écrit depuis la nuit des temps, le fait que le personnage principal refait le monde à travers ses rôles au cinéma donne un relief particulier dans la dualité qui l'oppose à ses propres sentiments, la sensibilité est une notion abstraite et pouvant se doter d'une dimension supérieure, le sujet est alors soumis à la moindre des variations, à tous ces caprices qui viennent l'écorcher, à ces aspérités et autres médisances, l'épreuve morale est terrassante tant pour la perception que le ressentiment, ce qui induit fatalement à trouver refuge dans une sorte de prison intérieure, un monde rassurant et protégé, une différence de taille pour continuer à se forger une identité, un semblant d'existence, c'est la solitude.
L'impuissance à se conformer aux standards préexistants, à ce formatage et à cette uniformisation imposée par la réalité douloureuse, par cette temporalité normalisée instille le doute, à se remettre en question, à ouvrir les vannes de son corps et de son esprit à élargir l'espace et l'horizon toujours plus loin, plus instrospectif.
Jusqu'à plus soif ...

"Je suis doué d'une sensibilité absurde, ce qui érafle les autres me déchire." (Gustave Flaubert)

Roman philosophique, métaphysique, tout est ouvert et interprétable à l'infini, par instant, l'écriture de l'auteure transcende les mots pour fusionner avec sa lecture, il se crée une forme d'alchimie, ce lien fragile et perceptible, une émotion qui traverse les canaux et atteint le coeur de l'autre, de simples mots pour des jaillissements soudains, des violences sous toutes les formes qui dépassent l'entendement, la colère et l'horreur de la situation alternent des instants de magie et de poésie pure, le coeur subit alors les variations de toutes les nuances, à fleur de peau, dans l'amertume et la frustration, dans la haine de l'autre, dans le désir trop longtemps réprimé pour exploser en un magma incandescent, une délivrance qui laisse des traces, la perfection n'existe pas et pourtant tout le monde cherche à l'atteindre tout au long de sa vie, donner le meilleur de soi-même pour ne pas le regretter ensuite, les convictions religieuses et la foi en des valeurs morales et spirituelles planent dans la grandeur et l'aube d'un monde nouveau, cette histoire n'est jamais linéaire, il se passe toujours quelque chose, dans ces moments de temps retenu par le souffle de la vie, les grands espaces sont les témoins de la petitesse de l'être humain, ses funestes prises de position et son manque d'envergure dans la perspective et la construction d'un futur prometteur et dans un sens commun.

Fruit d'une gestation de plus de 20 ans, valorisé par l'expérience des rencontres et des voyages , l'auteure développe une histoire qui prend de la consistance et de la valeur dans les yeux du lecteur, c'est un cycle éternel de la multitude qui peut naître ou renaître dans l'esprit de chacun, il ne s'agit pas seulement de suivre le périple et éprouver une certaine empathie à l'égard de tous les personnages du roman, de compatir et de partager la souffrance des uns quand il ne s'agit pas du deuil des autres, c'est prendre conscience de la valeur de chacun, de l'importance de la bienveillance quand elle s'invite dans le coeur, de l'attitude positive ou le regard sans ambiguïté qu'on pourrait croiser, dans l'état de visibilité dénué de toute jalousie, de toute antagonisme sous-jacente voire invisible mais terriblement tendancieuse et pernicieuse pour avilir et précipiter dans la déchéance et la perte de confiance.

Chaque page regorge de trésors de messages poussant à la réflexion sur la vie, sur l'acquis et l'inné, deux notions abstraites et fondamentales sur la compréhension des états d'âme qui nous entourent, qui nous concernent directement, l'écriture y trouve son exutoire, un roman qui ne ménage pas les plages métaphoriques quand il s'agit de rendre grâce à l'action de l'instant, à des images figées comme des tableaux, l'appréciation de la splendeur du coucher du soleil, la beauté des rivages qui émerveillent et réveillent les sens, la gentillesse incarnée et naturelle qui rassurent, cette amitié indéfectible et éternelle à l'oeuvre dans cette touchante et poignante histoire, c'est juste une des plus belles preuves d'amour qu'il m'a été permis de vivre, littéairement et viscéralement, cela dépasse même les rêves les plus fous, c'est beau, c'est tragique, c'est une des pièces maîtresses d'un premier auto-édité qui n'a pas fini de me faire creuser davantage les méninges pour trouver toutes les subtilités et saisir toutes les essences pures et virginales imprégnant les senteurs et les saveurs.

"Être différent n'est pas ni une bonne ni une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous même." (Albert Camus)

Puiser au plus profond de soi-même, tracer sa route dans ses fondements intérieurs, capter la vitalité et le raisonnement qui peuvent en découler au travers du regard de l'autre, à travers les multiples rencontres au gré de l'avancement dans la vie, gérer ses propres émotions pour les préserver et les faire partager à ceux que l'on aime, à ceux qui en ont besoin, ne jamais cesser d'expérimenter et de repousser ses propres limites, à braver des tabous pour mieux se retrouver, se placer dans une projection contradictoire pour ménager ses doutes et ses craintes, trouver et creuser sa voie demande du temps, le personnage principal se prénomme Léa, comme son auteure, si cette dernière se défend d'avoir écrit une oeuvre autobiographique, je n'ai aucune prétention à m'avancer en disant que j'ai ma petite idée et pas seulement le fruit d'un échange commun lors d'une rencontre qu'on pourrait qualifier d'inspiration et de bonheur, à votre tour maintenant de relier tous les fils visibles et invisibles qui émergent et forment un maelström, un embryon de chaînes de la vie qui m'a laissé sans voix, au fur et à mesure que les dernières mesures prenaient corps avec l'ambiance si particulière qui se teint d'un brouillard étouffant, Léa saura-t-elle tout dissiper pour trouver sa place et apercevoir enfin le bout du tunnel ?

La fureur douce est un titre qui sonne comme un oxymore comme la beauté du Mal chez Baudelaire, Léa Braun a su magnifier et apporter un roman intense, d'une folle virtuosité dans l'approche psychologique de son personnage qui aspire à cette liberté d'être, à cette existence qui est tout sauf ordinaire, à composer avec sa fibre créatrice et sa différence culturelle face à un monde impitoyable et cruel, délimiter le champ des possible pour espérer poursuivre ses rêves mêmes les plus fous, je vous recommande de lire cette histoire en puisant dans vos ressources, dans votre expériences de la vie de tous les jours, dans vos rencontres, dans vos voyages, dans tous ces évènements qui ont compté, dans ces instants magiques, dans ces précieux déroulés qui resteront à jamais gravés dans votre mémoire et pour les plus beaux jours du reste de votre vie.

La fureur douce de Léa Braun est un roman auto-édité, l'apprentissage de la vie, l'amour encore et toujours cherchant sa moitié, la liberté entravée et retrouvée, le cycle infernal de la douce mélancolie et brutalité qui s'entrechoquent pour susciter le sentiment d'abandon et de plénitude propre à chaque être humain, l'immensité du ciel étoilé et la beauté vespérale de la nature, une larme coule sur la joue, délicatement, les émotions sont décuplées, le coeur est transpercée, le cri qui s'élève alors se fait déchirant puis écho dans la vallée sans ombre et pour Léa, la vie continue ...

"Voyager, c'est grandir. C'est la grande aventure. Celle qui laisse des traces dans l'âme" (Marc Thercelin, grand explorateur)

La fureur douce de Léa Braun est un hymne à la vie, une ode à l'amour éternel !
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