AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de sylviedoc


J'avais quitté les personnages de Roy Bravermann en Alaska, dans un climat glacial et désolé peuplé d'orignaux et d'ours, je retrouve quelques-uns d'entre eux (ceux qui ne sont pas morts ou en prison !) en plein ouragan dans une Louisiane moite et luxuriante, au milieu des bayous infestés d'alligators. Changement de lieu, changement d'ambiance, et on se retrouve avec un roman dont la tonalité est radicalement différente des deux précédents. D'ailleurs ce n'est pas vraiment une suite, on peut les lire séparément ou dans un autre ordre, mais au risque de passer à côté d'une progression, d'une certaine logique dans la vie des protagonistes. Freeman, nous avions fait sa connaissance dans Hunter, cet ancien flic cherchait sa fille Louise disparue depuis 14 ans, victime de deux désaxés qui l'avait enlevée ainsi qu'une quinzaine d'autres adolescentes. Louise est là aussi, bien vivante, trentenaire qui cherche à échapper à l'emprise bienveillante mais oppressante de son papa. Elle fréquente des petits voyous, comme Alvaro qui s'est attiré des ennuis à cause de dettes, et c'est lors d'une algarade entre lui et les sbires de son débiteur, un gros mafieux local, qu'elle va rencontrer Doug Howard, policier au NOPD (la police de la Nouvelle-Orléans). Howard, c'est l'équipier de Zach Beauregard, enfin équipier c'est vite dit, ils ne bossent que rarement ensemble ces deux-là, chacun ayant ses propres soucis personnels à régler... Et là justement, une très sale affaire vient de leur tomber sur les bras, un gamin noir d'une douzaine d'années vient d'être assassiné d'une façon particulièrement abjecte.
Howard et Beauregard sont les personnages autour desquels va s'articuler toute l'action du roman, ils sont le lien entre Freemann et sa fille, l'affreux mafieux Sobchak, le FBI qui tente de le coincer avec l'aide du NOPD, le foireux Alvaro qui essaie de sauver sa peau en nouant des alliances douteuses, et bien d'autres encore. Parmi les protagonistes, je citerai aussi Mardiros, ce "collecteur de dettes" arménien rencontré dans Crow dont le capital sympathie a sans doute incité l'auteur à lui attribuer un rôle bien plus important cette fois, et c'est tant mieux. L'action est dense, l'atmosphère lourde et on est pris dans cette ambiance de "Big Easy" (surnom de la nouvelle-Orléans), où la musique, la cuisine et les cocktails occupent une place prépondérante. L'auteur a particulièrement bien su rendre tous les aspects caractéristiques de la Louisiane, tout comme il l'avait fait pour l'Alaska ou les Appalaches précédemment. On dirait presque que ces trois romans ont été écrits par trois auteurs, tellement ce caméléon littéraire arrive à adopter des codes différents suivant le lieu où se déroule ses récits. Il rend les descriptions si vivantes qu'on ne s'ennuie jamais, même quand elles sont très longues. On glisse avec ses héros dans une pirogue au fil du bayou, on redoute l'ouragan qui arrive, on sursaute quand la mâchoire de l'alligator claque sur la jambe de l'imprudent, et on hume avec délices les effluves d'un plat cajun. Pas de moralité dans cette histoire, mais il y a de vrais méchants, des flics pas toujours blancs-bleus, de l'argent par millions qui change de mains tout au long de l'histoire, et une très belle histoire d'amour très triste (plus une autre plus gaie peut-être ?). Ce n'est pas une jolie petite histoire, la violence est omniprésente, y compris chez les gosses de riches cyniques et persuadés d'être au-dessus des lois, On patauge beaucoup dans des eaux saumâtres, et on se noie souvent dans l'alcool, aussi. Mais si vous avez l'âme bien trempée, venez faire un tour avec Roy Bravermann/Ian Manook en Louisiane, vous ne la verrez plus comme un touriste...
Commenter  J’apprécie          3914



Ont apprécié cette critique (38)voir plus




{* *}