Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix
autour du livre : Ravage
de Ian Manook
enregistré le 03 mai 2023
Résumé :
Un prodigieux roman noir sur fond blanc.
Red Arctic, hiver 1931. Une meute d'une trentaine d'hommes armés, équipés de traîneaux, d'une centaine de chiens et d'un avion de reconnaissance pourchasse un homme. Un seul. Tout seul. C'est la plus grande traque jamais organisée dans le Grand Nord canadien. Pendant six semaines, à travers blizzards et tempêtes, ces hommes assoiffés de vengeance se lancent sur la piste d'un fugitif qui les fascine. Cette course-poursuite va mettre certains d'eux face à leur propre destin. Car tout prédateur devient un jour la proie de quelqu'un d'autre
Bio de l'auteur :
Ian Manook a sillonné le monde pour son plaisir, puis en qualité de journaliste avant de se consacrer à l'écriture. Il se fait remarquer en 2013 avec le roman policier Yeruldelgger (Albin Michel). L'ancien routard s'est ensuite consacré à une trilogie de thrillers islandais, pays dont les légendes et croyances l'ont séduit et inspiré pour ce nouveau roman imprégné de culture insulaire et maritime.
À Islande ! a reçu par le Prix Compagnie des Pêches de Saint-Malo lors du festival Étonnants Voyageurs (juin 2022).
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Macron ne cédera rien parce qu’il n’est pas là pour gouverner. Il n’est même pas là pour être réélu et encore moins pour faire une carrière politique. Il se fout de tout ça, et donc il se fout de ce qu’on pense ou dit de lui, de sa cote de popularité, de son avenir politique, il se fout de tout ça. Macron est un condottiere mandaté par des commanditaires pour détricoter et privatiser tout ce qui est collectif et solidaire en France. Et sa récompense ne sera pas d’être réélu ou de prendre place dans le paysage politique français, sa récompense sera d’aller siéger dans tous les conseils d’administration des sociétés qu’il aura privatisées pour ses commanditaires. Ce n’est rien d’autre qu’un homme de main qui obéit à des ordres et qui a agi en deux temps : en pourrissant l’État français de l’intérieur sous un Hollande complètement manipulé, et en prenant ensuite prétexte de ce pourrissement pour mener à bien son pillage en règle de l’état. Voilà pourquoi il se moque de tous ces scandales à répétition le concernant et concernant son gouvernement. Voilà pourquoi nous avons un gouvernement « de crise » composé sans vergogne à moitié de millionnaires, voilà pourquoi il garde un Président de l’Assemblée mis en examen, pourquoi sa ministre de la justice peut dire en rigolant qu’elle a juste oublié de déclarer trois appartements au fisc. Voilà pourquoi il met sans honte un voyou à la tête de la police et autorise à cette police des comportements de voyous. Voilà surtout pourquoi il ne cède et ne cédera devant aucune grève. Parce qu’il s’en fout. Il se fout de vous, il se fout du pays, il se fout de la misère et de la pauvreté, il se fout des éborgnés et des amputés par sa police. Il s’en fout. Il détricotera tout jusqu’au bout sans écouter personne, sans état d’âme, et ne pense qu’à la fortune personnelle que chaque action contre le bien public lui garantit. Et il partira en laissant un pays épuisé et exsangue, trop sonné pour se défendre contre le plus violent des systèmes de finance ultralibérale qu’on puisse imaginer. Il laissera tomber tout le monde. Le pays comme ceux qu’il aura manipulés pour en faire ses pires factotums et qui, seuls, devront affronter la vengeance populaire. Voilà pourquoi il ne cède et ne cédera pas, et voilà pourquoi la seule façon de le faire céder est de nous montrer plus obstinés, plus jusqu’au-boutistes, plus tenaces et plus violents que lui. Nous ne pouvons plus rester sur le terrain politique. Le seul mouvement qui l’ait ébranlé, c’est celui des Gilets Jaunes, parce qu’il l’a désarçonné là , politiquement et sur le terrain, où il ne s’y attendait pas. En un an, il a neutralisé ce danger en le ramenant dans les mains de ceux qui défilent dans les clous, dans des couloirs et dans des nasses où ils acceptent pratiquement de se faire tabasser. Il faut sortir des clous. Disperser le mouvement, redéfinir les manifestations. Sortir des clous et des nasses. Il faut qu’enfin se bougent ceux pour qui nous nous battons vraiment, étudiants et lycéens. Il faut reprendre les ronds-points, les ponts, les périphériques, éclater les défilés dans les villes et dans le pays. Le forcer à disperser et affaiblir ses milices. C’est une question de survie du pays. Il a déjà entrepris la privatisation des hôpitaux, de la SNCF, des gares, des aéroports, des barrages, de la Sécu. Il s’attaque à celle des routes, de la police, des universités, de la culture, de la justice. Cet homme ne veut plus d’état, sinon pour l’armée et la police, et nous savons tous qu’un tel état s’appelle une dictature.
C'est de ton ignorance que se nourrit ta peur.
Si tu veux t'en saisir, sache que les serpents sont impuissants quand on les tient par le milieu du corps. Ils ne savent plus ni se cabrer, ni s'enrouler, ni mordre.
P488
Il ne croyait pas à grand-chose, sinon à la paix des âmes. La vie était si lourde à porter et si dure à affronter que selon lui toute âme devait avoir droit à la paix, au repos et au respect en la quittant.
Quand tu seras là-bas, offre-lui un berceau décent. Fais tapisser le fond de vert pour qu'elle y repose comme sur la terre de la steppe, et l'intérieur du couvercle d'un tissu bleu comme le ciel sur la plaine. Et tu feras aussi coller sept petites boules de coton blanc sur le tissu bleu du ciel, au-dessus de sa tête, pour que les sept divinités de la Grande Ourse portent bonheur à son âme pendant son voyage. N'oublie pas : tu l'as arrachée à la terre, la tradition exige que tu la conduises au ciel.
P25

Yeruldelgger, tout comme la plupart des Mongols, ne savait rien des exactions commises par les nazis en Europe. C'est pour essayer de comprendre la violente indignation de certains touristes français qu'il s'était pour la première fois rendu à l'Alliance Française pour se documenter. [...]
- Comment pouvons-nous ignorer l'holocauste de six millions de Juifs ? s'était-il indigné à l'époque.
- Parce que ce n'est pas notre histoire, avait répondu tristement Solongo.
- Six millions de morts, comment cela peut-il ne pas être notre histoire à nous aussi ?
- Notre histoire à nous, elle est plus proche des quatre-vingts millions de morts de Staline, des centaines de millions de morts de Mao et des autres. [...]
- Mais ce sont quand même six millions de personnes assassinées !
- Je sais, avait répondu Solongo. Je comprends et je n'excuse rien. Je te dis juste que si nous n'en savons rien, c'est que ce n'était pas notre histoire. Notre histoire à nous, pendant ce temps-là, c'était le massacre de nos moines, la destruction de nos temples, et l'interdiction de notre langue. Combien d'Européens le savent, Yeruldelgger ? Et il ne faut pas leur en vouloir parce que ce n'est pas leur histoire non plus.
La guerre est une histoire de défaites et de victoires, mais la paix n’est faite que de mensonges et de trahisons. On va vous mentir et vous trahir encore et encore, ceux qui vous ont massacrés et ceux qui les ont laissés faire, de nouveau copains comme cochons. Vrais ennemis et faux alliés.
(page 240)
Camarade, Beria tombera un jour, et Anikine avec lui, et ils entraîneront dans leur déchéance tous ceux qui se seront faits leurs complices. Regarde ce qui est arrivé aux hommes que nous pensions indéboulonnables : Boukharine, Rykov, Kamenev, Zinoniev. Et ton Beria, qui a pris la place du tout-puissant Iejov, qui avait pris la place du tout-puissant Iagoda, qui avait pris le place du tout-puissant Menjinski, qui avait pris la place du tout-puissant Dzerjinski…
(page 56)
C'est l'eau qui nous tient la tête hors de l'eau, mon garçon, n'oublie jamais ça, et celle dans laquelle on se noie est la même que celle qui nous porte quand on nage.
Quand sa main caresse les cheveux d’Haïganouch, l’image de sa petite sœur disparue s’impose à elle et Araxie cherche des yeux la lune. Elles s’étaient promis, enfants, qu’il leur suffirait de la regarder pour rester unies. Mais c’est un crépuscule bourrelé de nuages qui l’environne, alors elle se dit qu’Agop, lui, peut-être, là-bas…
(page 26)