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Critique de elea2020


Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu une BD de Claire Brétécher ! Tout d'abord, j'en avais une image assez datée, qu'effectivement je reliais aux années 90, période qui ne me parle pas vraiment, car je ne l'ai vécue ni en tant que parent, ni en tant qu'ado. Agrippine est-elle le prototype de l'ado ? Pas tant que ça, pour moi : déjà, elle paraît plus vieille que son âge, d'après le dessin, je la verrais jeune adulte, la vingtaine. Or, si je comprends bien, elle est sensée être au lycée...

Ce tome, qui est assez loin du thème de "combats", fussent-ils adolescents (j'imaginais l'environnement, tout ça… On y voit juste Agrippine essayer de sauver un canard de l'élevage de foies gras), nous présente, un peu pêle-mêle, des bribes de la vie de famille d'Agrippine, avec son père qui parle djeun's et sa mère surmenée, des discussions labyrinthiques avec sa bande de copains/copines, une petite aventure un chouïa ennuyeuse avec Morose le Hachis...

Le dessin, franchement je n'aime pas trop : c'est le type de dessin caricatural qui m'empêche, personnellement, de "rentrer dans l'histoire", d'établir une relation avec les personnages. La critique de l'adolescente n'est pas si féroce : Agrippine n'est que inconséquente, influençable, râleuse, profiteuse, perfide... On la voit pourtant avec assez de tendresse - j'aimerais bien savoir comment Claire Brétécher trouvait l'inspiration, si c'était du vécu. Ca en a l'air : ses ados sont continuellement vautrés ou dans des poses avantageuses, en train de s'étudier le nombril. Ils s'ennuient en groupe, ou à deux, mais au moins entre ados.

Et puis, il y a l'invention, les bons mots, les trouvailles de langage, et ça, Claire Brétécher n'en manquait pas, ce qui lui fait composer un personnage unique et presque universel - pour moi, c'est là que se tient l'âme de sa BD. Les noms propres, déjà : une purée d'ingrédients mélangés, entre légumes et noms bizarres. Les expressions ados : où va-t-elle chercher ça ? Qui a jamais parlé comme ça ?

Les garçons sont "farineux" ou "grumeaux", "blocs", les parents sont des "biomanes", et les aléas de la vie, ça nous "fane" ou on "prend vapeur", etc... La seule expression que je connaissais, c'est "faiche"... Je pense qu'elle invente une langue qui pourrait être vraie, et pour moi c'est la force de l'univers d'Agrippine. Par exemple, lorsque celle-ci essaie de "non-vivre" avec son nouveau chéri dont elle copie les manies et tics de langages ("je méprise les repas", "je méprise la range")...

C'est donc daté, d'une certaine manière, mais finalement on s'y replonge bien, ça se lit avec plaisir, et à la réflexion, Agrippine me fait penser à Clotilde, la lycéenne campée par Florence Foresti, personnage que j'aimais bien. Pour moi, c'est un peu le même humour, et la même satire, somme toute assez tendre envers les ados.
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