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Critique de keria31


Un concept innovant doublé malheureusement d'une vision stéréotypée sur la femme.

Pour ce qui est du thème principal, l'auteur évoque le jeu et les responsabilités de la création entre un auteur et son personnage. La construction narrative y gagne en étrangeté par l'effet "poupée russe" (le roman dans le roman). le romancier a donc choisi de faire l'expérience d'un nouveau processus d'écriture, celui de l'expérimentation. Plutôt que de concevoir un plan qui va déterminer le récit, il invite son principal personnage à s'entretenir avec lui avant de poursuivre l'écriture. L'idée est intéressante bien que dans ce cas-là, elle ne donne pas vraiment lieu à des dialogues passionnants. La jeune femme, plutôt amicale, va toutefois oser se plaindre auprès de son auteur des aventures qu'il lui fait vivre sans pour autant parvenir à changer son scénario : au fond, la trame se poursuit comme elle a commencé avec peu de surprises alors que le final apparaît comme un cheveu sur la soupe. le lecteur est à peine informé des pensées de l'héroïne avant cela, de ses tourments, de ses propos. Un vide lyrique et réflexif étonnant pour un acte pourtant fort : le suicide. Ce dernier point confirme par ailleurs la perversion de l'auteur dans ce récit : il dit à la fin que c'est son héroïne qui a choisi cette voie alors que le lecteur sait qu'il n'y a eu entre eux aucune discussion sur ce point et que tout ce qui lui est arrivé jusqu'à lors découle du seul travail d'écriture de l'auteur. En fait, il se masque le véritable motif de cette exécution : l'héroïne prenait trop de place dans sa vie par ses dialogues intempestifs et son pouvoir de séduction quand son roman réclamait une fin. Et bien que toute histoire n'est pas obligée de se terminer par la mort du héros, là, l'auteur en avait envie, question de se défouler, de trouver un exutoire à ses propres frustrations.

Vient ensuite le portrait de l'héroïne. Il est pour ainsi dire caricatural ô possible, sans doute le pur produit de fantasmes masculins. Belle, magnifique même, elle est issue d'une classe sociale aisée, épouse une homme riche qui occupe un poste important, vit dans un appartement luxueux, attire tous les regards et passe son temps libre entre le bronzage, le tennis, ses amis et le sexe. On a l'impression qu'à part son conflit intérieur entre les tentations de la chair et son amour pour son mari, il n'y a rien d'autres qui la préoccupent. Limite, c'est sûr. Excepté 2 ou 3 liaisons avec des hommes de passage, s'occuper plus ou moins de son intérieur et s'entretenir un peu avec son auteur, on a l'impression qu'elle fait pas grand chose. Mais pour les hommes qui veulent des femmes seulement pour le plaisir du sexe, n'est-ce pas parfait ? Surtout que la belle rongée par le remords d'avoir trahi son époux s'inflige elle-même la sanction la plus cruelle par la mort. du coup, les frustrations du mari cocu tout comme celles du romancier qui n'ose pas avouer sa flamme à son personnage, ont aussi leur exutoire alors que le portrait de la femme idéale se pare de l'aura du mystère par la tragédie. Rien de mieux pour marquer l'esprit du mari que de mourir sous ses yeux après lui avoir témoigné sa flamme intacte car on lui laisse l'empreinte éternelle de la femme aimante tout en le libérant de ses responsabilités conjugales. Wouah, quel pied pour ces messieurs quand même !

Il faut dire aussi que l'auteur réel de ce roman est un homme. Alors après William-Shakespeare ou Victor Hugo, on ne déroge pas de ces classiques avec cette vision du grand amour dans la tragédie quand même, en particulier celui de la femme. Une fidélité aussi à l'histoire avec des cas comme la mort de Lady di aux bûchers des sorcières en passant par les meurtres de violeurs, les lapidations de femmes adultères...Bref, Brial n'innove pas sur ce sujet. On reste dans un ordre très traditionnel. Disons plutôt qu'il atteint un bon niveau par ce portrait de femme dans le registre des fantasmes masculins. Quant à nous, mes pauvres amies, c'est toujours notre mort que l'on veut pour nous aimer.
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