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Critique de sophie


Au seuil de la vieillesse, un homme vient de perdre la femme aimée depuis un an. Cette passion sera la dernière, il le sait. Commence alors une plongée émue et minutieuse dans ses souvenirs, au fil des amours mortes.
Chris, le narrateur de L'amour et l'oubli , est écrivain, et André Brink partage avec lui un certain sens de l'engagement. Chris a été jeté dans l'écriture par la révolte, a mis sa plume au service de la lutte contre le régime de ségrégation des années d'apartheid. Censuré, exilé, et même emprisonné, il a su mener ses combats sans faillir. La fin de l'apartheid n'a pas éteint sa colère : la guerre en Irak l'obsède, ses images hantent ses insomnies. "Quelque part, le monde s'est complètement planté", commente-t-il, fort d'une indignation intacte. En somme, sa vie a collé au destin tourmenté de l'Afrique du Sud : ses histoires d'amour épousent les soubresauts de l'Histoire. Pourtant, aucune froideur, rien de systématique dans cette fresque où les femmes font figures de symboles qui scandent le temps et le retiennent.
André Brink dresse un autel à l'éternel féminin, célèbre la douceur d'amours bouleversantes comme l'érotisme joyeux de brèves rencontres. Don Juan sentimental et incorrigible que le temps n'assagit pas - et pourquoi le devrait-il ?-, Chris collectionne les moments de joie comme autant de paradis éphémères. Tombeau et blason tout à la fois, le livre rend hommage à ces conquêtes.
Mais cet étourdissant cri de vie est aussi une quête de sens, une façon de faire reculer, par la fiction sans cesse recommencée, la mort inéluctable. A l'heure des définitifs bilans, qu'est-ce qui vaut, dans une vie, d'avoir été poursuivi ? Question éternelle, toujours bouleversante. de ces questions que seul un écrivain au sommet de sa maturité et de sa maîtrise peut se permettre d'ainsi aborder de front.
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