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Critique de ma_dalton


Les retranchées c'est d'abord la surprise et le plaisir de tenir entre les mains un bel objet, un mince fascicule habillé d'une robe sobre, minimaliste sur laquelle un mince titre en lettres roses se détachent sur un fond gris foncé. Des dessins occupent les pages gauches précédant certains chapitres, eux aussi dans la gamme des noirs, blancs et roses et ajoutent encore à l'élégance du livre et créent une unité d'ambiance propice à faire de ces 97 pages de texte dense un compagnon rêvé d'introspection et de méditation.

Les Retranchées ce sont des expériences de vie, celles de l'auteure principalement, ses réflexions, des dialogues – avec sa mère ou entre amis- repartis dans une douzaine de chapitres juxtaposés les uns aux autres. le style du roman s'inscrit dans ce qu'on nomme, en français, le courant du « flux de pensée » ou chez les anglo-saxons ,« stream of consciencousness ». Ce n'est donc pas un essai dans le sens rébarbatif ou académique du terme, bien au contraire, l'écriture claire et simple rend le texte très accessible et parfois même très émouvant. le point commun entre les différentes parties est le thème de la famille, abordé par une féministe, conjointe et également mère de deux enfants, des garçons qui fait le constat que dans les années 2020, malgré l'ouverture et la bonne volonté des parties prenantes c'est encore la mère, toute féministe qu'elle soit, qui assume la majorité des tâches ménagères.

Fanny Britt dissèque le mythe de la « famille idéale », des injonctions et des exigences de performance qui l'accompagnent et qui cadrent si bien dans notre contexte néolibéral. Elle en vient peu à peu à mettre en évidence que l'on peut aimer ses enfants tout en détestant le rôle de parent. Elle dénonce les pressions à la reproduction, les pressions au dépassement de soi plutôt qu'au respect de ses propres limites, le poids de la charge mentale apparemment impartageable, la culpabilité de l'humaine quand elle ne se sent pas en phase avec ces images. Elle dénonce toutes ces injonctions qui sont autant des gestes de violences que nous sont imposés ou que nous nous imposons à nous-mêmes, que nous subissons et qu'en retour nous finissons par décharger sur les autres.

La famille est un piège pour l'égalité des hommes et des femmes En référence au concept de mère suffisamment bonne développé par le psychologue anglais Winnicott, elle définit aussi ce qu'est, pour elle, un père suffisamment bon : « un père qui aime, et ne violente pas évidemment. Mais c'est aussi un père de bonne foi, capable d'humilité et disposé à agir sur les mécanismes culturels et historiques ayant favorisé sa liberté au détriment de celle des mères. » Cet appel à l'aide me semble assez nouveau dans le discours féministe.
Elle souligne ou resouligne l'importance de l'éducation des garçons qui devrait, nous dit Fanny Britt, les "aider à acquérir les connaissances, attitudes et compétences pour devenir des alliés efficaces des femmes et potentiellement mener des vies moins restrictives" que celle proposée par le modèle patriarcal.

Bref, un livre dont le thème mille fois débattu nous interpelle encore et nous amène à approfondir notre réflexion en assumant nos contradictions. Un petit livre à glisser sous le sapin de toute mère qui cherche à concilier amour de soi et amour des autres.
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