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Critique de Apikrus


Jacob Bronowski (1908-1974), fut d'abord mathématicien. Il travailla notamment avec John von Neumann (1903-1957, (co)fondateur de la théorie des ensembles et de celle des jeux).
Bronowski est né en Pologne ; sa famille émigra vers l'Allemagne pendant la première Guerre mondiale, puis vers Londres en 1920.
En 1945, il se rendit au Japon avec des Chefs d'État-Major britanniques, pour étudier les effets de la bombe atomique sur Nagasaki.
Sollicité pour étudier le crâne fossilisé de l'enfant de Taung découvert en Afrique orientale, il utilisa des méthodes statistiques pour déterminer si ce crâne pouvait appartenir à une lignée d'ancêtres de l'homme.
Il commença ensuite une carrière de vulgarisateur scientifique, notamment en animant 13 épisodes de l'émission 'The Brains Trust' sur la BBC. Chaque chapitre de cet ouvrage reprend l'un de ces épisodes.

« The Ascent of Man » a été rédigé à la fin des années 1960, et publié en France en 1974 : il n'est plus à jour, en particulier sur l'histoire de l'évolution de notre espèce (l'auteur ignore qu'Homosapiens et Néandertal se sont croisés). La plupart des thématiques et propos restent cependant pertinents. En effet, seuls les premier et dernier chapitres sont centrés sur la naissance biologique de l'Homme (sur plusieurs centaines de milliers d'années), le reste de l'ouvrage traitant du développement culturel de l'humanité (sur 12 000 ans environ).

Ce livre ne contient pas que des anecdotes intéressantes, comme la description du mode de reproduction original des grunions !
• Les femelles de ces poissons pondent leurs oeufs dans le sable, que les mâles viennent féconder là. Les oeufs sont enfouis au plus près de la côte lors des fortes marées, permettant leur développement dans du sable non immergé, puis le départ des rejetons en pleines eaux lors de la grande marée suivante. •


Voici une liste de points abordés qui ont retenu mon attention :

- Processus de sédentarisation des humains, avec les conflits entre nomades et sédentaires.

- Travail sur la matière, d'abord en surface (par modelage), puis en entrant dans les matériaux (pierre taillée, sculpture qui révèle des formes contenues de la matière et dans l'esprit du créateur…).

- Sauts technologiques en architecture : usage de la poutre dans la Grèce ancienne (imposant de nombreux piliers et limitant de ce fait la luminosité intérieure des bâtiments), utilisation de la voute circulaire par les romains (aqueducs), découverte de voutes ovales après le XIIe siècle puis introduction d'arcs-boutants (cathédrales gothiques). Ces innovations ont amélioré la répartition des forces dans les édifices, permettant d'en augmenter la taille et la luminosité intérieure. Elles ont été suivies de l'introduction de nouveaux matériaux de construction (acier, béton armé).

- Découvertes en métallurgie : âges de cuivre, du bronze (ajout de 5 à 20 % d'étain dans le cuivre), de fer puis de l'acier (ajout d'environ 1% de carbone dans le fer), réflexion sur l'importance symbolique de l'or…

- Un parallèle entre la naissance du mouvement perspectiviste en peinture et les explications de la vision par la science. Les penseurs ont longtemps cru que la lumière allait des yeux vers l'objet visualisé, ce qui ne permettait pas d'expliquer pourquoi un objet paraît plus petit lorsqu'il est lointain, alors que les artistes peintre avaient déjà découvert la perspective et intégraient les notions d'angles dans leurs travaux.

- La Lunar Society de Birmingham (dont deux membres éminents font partie de l'arbre généalogique de Charles Darwin : son grand-père paternel Erasmus Darwin, et l'industriel Josiah Wedgwood son grand-père maternel).

- le rôle d'Alfred Russel Wallace (1823-1913) dans la publication de « L'Origine des espèces » en 1859 par Charles Darwin (1809-1882), et un portrait élogieux de cet homme qui découvrit lui aussi - indépendamment de Darwin - que les êtres vivants résultent d'une évolution de leurs ancêtres.
- La manière dont un moine, avec de simples outils de jardinage - Gregor Mendel (1822-1884) - découvrit des règles fondatrices de la génétique. Les biologistes estimaient alors à tort que l'hybridation de plantes ou d'animaux différents sur un trait donné (taille, couleur,…) devaient engendrer des individus aux caractéristiques intermédiaires sur ce même trait. Mendel montra que tel n'était pas le cas. Selon lui, l'hybridation de pois à longue tige et de pois à courte tige donne naissance à une descendance à longue ou à courte tige, selon des proportions variables en fonction du nombre de générations. L'auteur suppose qu'il aurait eu cette idée, simplement en observant le mode de transmission des caractères sexuels chez l'être humain : l'enfant de l'union d'un homme et d'une femme étant, sauf exceptions (gémellité…), de sexe masculin ou de sexe féminin.


Cet ouvrage mêle sciences, arts (peinture, sculpture, poésie), techniques et philosophie, mettant en évidence des liens inattendus entre ces disciplines, et ce dans une perspective historique.
Il m'a parfois fait penser à ceux publiés de Jean-Claude Ameisen à partir d'émissions qu'il a animées sur France Inter (« Sur les épaules de Darwin »). Celui-ci résulte ici de la transcription d'émissions télévisuelles, et des thématiques abordées dans ces deux oeuvres sont proches.
A chaque fois le résultat est remarquable : des ouvrages très instructifs, abordables pour des non spécialistes, agréables à lire, et portant sur des champs variés. Ici, plus de 200 illustrations complètent agréablement le texte.


Merci à Babelio et à l'éditeur, Cassini.
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