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Critique de Junie


Junie
04 septembre 2020
Une lecture superficielle conduirait à penser que ce roman n'a que le charme des oeuvres un peu surannées de la vieille Angleterre, entre landes désolées, châteaux se profilant sur le ciel noir, et intrigues amoureuses pudiques.

Certes, le décor est un peu conventionnel: un village où circulent des ragots, un pasteur ennuyeux, une vie de labeur sans fantaisie, des distractions qui se limitent à la chasse pour les messieurs et à la broderie pour les dames.
Rajoutons une bonne dose de préjugés, une pointe de mesquinerie, une pincée de jalousie envieuse.

La Dame qui vient s'installer au château va rapidement devenir la cible des commentaires et susciter des interrogations. N'est-il pas inconvenant pour une femme de vivre seule avec un enfant et une vieille domestique? Qui est l'homme qui lui rend visite discrètement? D'où sort-elle? Pourquoi mène t-elle une vie retirée de la société? Est-ce pour cacher sa misère? sa honte? sa vie passée?

A travers sa description de la mentalité et des moeurs d'une petite communauté villageoise, bouleversée par l'irruption d'un corps étranger qui menace l'ordre social, Anne Brontë dresse un tableau subtil de la condition des femmes de son époque. Toutes sont destinées à se plier docilement aux règles qui les soumettent à l'autorité masculine, quel que soit leur rang social, leur éducation, leur fortune.

D'où lui vient cette clairvoyance, cette plume agile à décrire des sentiments vivaces et des situations en trompe-l'oeil? Les personnages se débattent pour rester fidèles à eux-mêmes, au risque de tout perdre.

Le lecteur, lui, ne perdra pas son temps, car l'auteur nous tient en haleine jusqu'au dénouement final. Roman "où il ne se passe rien", où tout se dit avec retenue, même la pire souffrance. Roman d'une femme qui publia sous un nom d'homme, comme ses soeurs, et qui constitue un beau plaidoyer pour l'émancipation féminine.

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