Le fantôme d'Anya

Anya a honte de ses origines russes depuis son déménagement dans un quartier américain. Par souci d'intégration, elle se met à renier sa culture culinaire, son propre physique (plus rond que les standards de beauté), sa manière de s'habiller, ainsi que son nom de famille. Occupée à faire illusion, Anya se construit d'elle-même une vie pas à sa taille où elle se convaincra être amoureuse d'un garçon qui n'est en fait pas son genre, d'aimer fumer pour avoir l'air cool ou de ne pas manger les délicieuses spécialités russes que son seul parent prépare avec amour à elle et son frère, chaque matin. Il lui faudra un élément déclencheur surnaturel, tel un fantôme au fond d'un puit pour qu'elle se rende compte de son erreur et reprenne sa vie en main.
Tirant profit des origines de son autrice Vera Brosgol et de sa capacité à les partager et les promouvoir, le fantôme d'Anya est une super bande-dessinée qui fait l'éloge de l'acceptation de soi dans un contexte d'intégration culturelle (et de naturalisation pour la mère d'Anya) assez exceptionnel dans la littérature. Un dessin très beau dans son expressivité et ses chromatismes noirs bleutés accompagne cette histoire soignée qui subira une évolution sur chaque plan de la vie d'Anya (scolaire, familial, amoureux, amical, personnel...). Très riche dans son développement, cet ouvrage est à mettre entre toutes les mains et parlera, j'en suis sûre, à tout lecteur qui a vécu, au moins une fois dans sa vie, l'expérience d'une socialisation qui vous pousse peu à peu - par pression socio-symbolique - à détester tout ce qui fait de vous ce que vous êtes VRAIMENT.