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Critique de Shorleckin


Cette anthologie est une très belle surprise ! Passionnée par le folklore japonais, j'avais placé la barre assez haut en achetant ce recueil, et je ne savais pas trop à quoi m'attendre de la part d'un ouvrage français. En effet, les publications sur le sujet, en dehors des traductions d'oeuvres japonaises, m'ont souvent déçue, infantilisant à outrance ou ridiculisant une culture qu'ils peinent à aborder avec plus d'empathie et de sérieux.
Eh bien, je dois reconnaître que Démons Japonais m'a donné tort ! Passant entre nostalgie, poésie et horreur pure, les histoires sont très bien choisies et équilibrées, et chacune apporte une vision intéressante d'une (ou plusieurs) créature(s) fantastique(s) japonaise(s).
Chaque nouvelle est illustrée d'une planche en nuances de rouge et de noir (cinq illustratrices se passent le relai sur l'ouvrage pour accompagner les dix-sept nouvelles), et agrémenté d'un petit texte documentaire revenant sur l'origine de chaque monstre et sa représentation dans la culture japonaise, ancienne ou actuelle.
Les nouvelles prennent place à diverses époques, souvent modernes, comme pour décrire le caractère permanent de ces êtres dans un temps qui ne l'est pas. Parfois, les auteurs ont choisi de confronter leur regard d'Occidentaux au Japon en mettant en scène des étrangers face à un pays qu'ils connaissent mal, mais on retrouve aussi des personnages japonais, au pragmatisme mis à rude épreuve.
La qualité est au rendez-vous, avec des intrigues bien menées, et une plume souvent élégante. Bien que chaque texte ait sa propre identité, l'anthologiste a su construire son recueil pour que chaque récit trouve sa place dans un ensemble harmonieux.
Je le redis, chaque texte a son âme et est vraiment réussi. Si certains sortent davantage du lot pour moi, c'est avant tout par pur goût personnel.
Mentions spéciales de ma part à :

Lysandre, d'Yvan Barbedette : une forme très originale, minimaliste mais ultra efficace, pour une histoire flirtant avec les faux-semblants et la folie.

La Pêche à la carpe, d'Audrey Salles et du Coeur jusqu'à l'os, d'Alexandra Fiordelli : des ambiances très prenantes, avec de réels frissons à la clé.

Le Chant de la baleine, de Lazarii : une fable envoûtante, avec une très belle image de la nature sacrifiée.

Affamée, de Noémie Wiorek et 1945, de Aaron Judas : ces deux nouvelles abordent avec justesse des problématiques en les mêlant à des mythes anciens, dans des intrigues glaçantes.

Jusqu'à la poussière, de Natacha Rousseau : un point de vue à contrepied pour un résultat très émouvant.

L'Ombre du Kabuki, de Caroline Blineau : une vraie poésie, un rythme très bien maîtrisé, pour une fresque grinçante en forme de pièce de théâtre.

Le seul défaut que l'on pourrait reprocher à ce livre est un certain nombre de fautes de frappe ou d'orthographe. Ça me hérisse toujours un peu, mais si ça m'a fait sortir du texte, je n'ai pas eu de mal à m'y replonger grâce au talent des auteurs.

Les éditions Luciférines ont réussi un beau livre vraiment très agréable à lire, que je recommande à tout curieux du Japon, aux amateurs déjà connaisseurs du folklore du pays, et aux lecteurs de fantastique en général, car tous y trouveront leur compte.
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