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Critique de tamara29


Merci à Babelio et aux Editions LaBaconnière pour « Comme au cinéma » de Grisha Bruskin.
Il a suffi de cette photo en couverture pour que je me laisse tenter. La photo de cet homme en noir et blanc, au regard profond, un peu triste peut-être aussi. A la fois proche et distant. Une photo qui m'a intriguée et qui m'a donné envie d'en savoir plus.
A partir de dizaines et dizaines de photos de sa famille, Bruskin (artiste d'origine russe, vivant à New-York) nous relate l'histoire de sa famille russe, qui s'étale sur des décennies, telle une saga familiale. Pour chaque photographie sur une page blanche, telle un cadre accroché à un grand mur blanc, un texte, sur l'autre page, commente le cliché. Ce sont des photos en noir et blanc, un peu surannées mais d'autant plus belles, émouvantes, amusantes. Burskin s'arrête parfois sur un petit rien, un détail, qui nous fait revenir sur la photo, prendre un peu plus de temps pour observer celle-là plutôt qu'une autre. le lieu, le costume ou telle la robe, le sourire, le regard du personnage... Il nous raconte le mariage de ses parents, leur amour, les voyages, les évènements, ses premières journées d'école, l'histoire russe. Les moments heureux ou les tragédies, grandes ou petites. Parfois, encore, il évoque un objet qui n'est pas présent. Il nous montre certaines choses hors cadre, ces quelques secrets de famille, ces poupées russes, ces moments qui ressurgissent du passé.
Ses commentaires sont plus que des légendes de chaque photo. C'est l'histoire vraie de sa famille. Des textes plus ou moins courts, des dialogues réels ou imaginés, parfois une simple phrase, énigmatique. Des mots qui naviguent et s'entrelacent entre l'histoire et anecdotes réels et l'imaginaire. Entre faits précis et poésie. Par la finesse de son écriture et tous ces détails, on ressent de suite son affection et sa tendresse pour sa famille, ses aïeuls, ses disparus.
Il nous fait regretter le passage à l'ère du tout numérique, ces photos qu'on prend à présent aussi vite qu'on les oublie, aussi vite qu'on passe à une autre, qu'on en supprime une pour une autre. On regrette cette époque où on allait récupérer chez le photographe toutes les photos qu'on avait fait développer, un peu anxieux du résultat. Il y aurait celles un peu floues, mal cadrées, et puis les belles surprises, celles avec ces beaux sourires épinglés, ces instants figés ; toutes celles qu'on allait garder dans ces dizaines d'albums et qui allaient rester des souvenirs et des trésors de famille.
Je regrette cette époque où, lors d'après-midis pluvieux, je sortais les vieux albums-photo que je posais sur la toile cirée de la table de cuisine chez mes grands-parents. Nous, les enfants, nous nous installions autour de ma grand-mère. Et égrenant les pages, elle se mettait à raconter l'histoire de ses parents, de la guerre, des périodes importantes de sa vie. Alors finalement, ce n'était pas si mal qu'il ait plu ce jour-là et que nous ne soyons pas allés nous baigner.
Aujourd'hui, tout défile et on ne prend plus assez le temps. Ce livre nous impose de prendre le temps de regarder, nous impose le calme au lieu de l'effervescence. On réapprend à prendre la mesure du temps, du sens des photos de famille. du sens de la famille et des souvenirs précieux.
Ce livre, épais et lourd, de près de 450 pages, est une oeuvre originale qu'on ouvre et qu'on feuillette avec délicatesse et respect, dans lequel on avance lentement. Si j'ai passé parfois trop vite certaines pages, je me suis plongée dans bon nombre de photographies, j'ai apprécié l'écriture de l'auteur. Et c'est véritablement un très beau livre que j'ai reçu comme cadeau. C'est un livre d'art que je rouvrirai sûrement plus tard.
Et je dois remercier aussi, bien entendu, de m'avoir fait ressurgir, avec nostalgie, ces après-midi de vacances, près de ma grand-mère.
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