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Critique de LVI


Les voleurs de visage!


Né en 51 à Paris, Serge Brussolo, après avoir suivi des études de lettres et de psychologie (ça peut aider quand on ambitionne de devenir écrivain) et avoir exercé divers petits métiers (ça aussi, ça peut considérablement aider), est publié pour la toute première fois en 78 et obtient dès l'année suivante le ‘Grand prix de la science-fiction française', qu'il recevra à nouveau en 81 après la publication de son recueil de nouvelles ‘Vue en coupe d'une ville malade'. Publié au départ dans la collection ‘Présence du futur' chez Denoël, puis également très rapidement dans la collection ‘Anticipation' des éditions ‘Fleuve Noir', cet auteur extraordinaire, dont l'imagination débordante fait de lui le créateur français le plus étourdissant de mondes, d'êtres et de situations aussi baroques qu'abscons, un maître de l'étrange et du fantastique plus qu'un auteur de science-fiction (ses romans ne relèvent vraiment guère du genre au sens strict du terme), est passé depuis allégrement au roman policier, historique et même de littérature générale, puis carrément aux livres pour la jeunesse, avec le même élan et le même talent qui font de lui aujourd'hui l'un des auteurs français les plus prolifiques (près de 150 romans et nouvelles à l'heure actuelle) de la littérature populaire. Grand amateur des romans feuilletons d'antan, il a su recréer l'ambiance particulière de ce genre au travers de récits toujours extrêmement originaux qui n'ont tout simplement aucun équivalent en France. Tranchant et éclectique, il nous propose une oeuvre hors-normes qui ne pourra que vous passionner si vous aimez fréquenter les chemins qui sortent de l'ordinaire !


Agence 13 (3) : le chat aux yeux jaunes - au Fleuve Noir - Dépôt légal : Novembre 2011


En Novembre 2009, Serge Brussolo renouait avec le ‘Fleuve Noir', l'un de ses deux premiers éditeurs avec Denoël, pour la première fois depuis ‘La cicatrice du chaos', le troisième et dernier volet des ‘Brigades du chaos', paru en Avril 1997, en lançant la série ‘Agence 13 : les paradis inhabitables' au travers de son premier tome, ‘Dortoir interdit'. Les volumes de cette saga illustrent le travail de Mickie Katz, une jeune décoratrice recrutée par la mystérieuse ‘Agence 13' pour remettre en état d'anciennes scènes de crime pour en faire des paradis cinq étoiles ; sauf qu'à chaque fois, ces théâtres de crimes atroces et sanglants regimbent…


Cette fois-ci Mickie Katz se retrouve en plein coeur d'un vaste domaine dominant L.A. du côté des collines de Santa Monica ; un domaine bien étrange, quasiment inaccessible et gardé, au sein duquel règne un véritable malaise sournois dû à un secret entourant d'anciens acteurs d'une série télévisée des années 60 qui partent en vrille. Ivres de bourbon et de souvenirs, les étranges très vieux habitants du domaine d'Esteranza vivent dans un musée sonore aux couleurs qui claquent, une supercherie décorative, un mouroir propret, un vaisseau fantôme peuplé d'ombres chuchotantes, de véritables fleurs de cimetière, qui vivent les derniers soubresauts d'un monde oublié. Gagnée par une grande lassitude, Mickie a droit à une sorte d'avant-goût de l'enfer au milieu de redoutables animaux en voie de disparition venus participer au bal des cadavres…


Après s'être intéressé aux anciens fantômes d'Hollywood dans ‘La maison des murmures' (paru aux éditions Plon en Avril 2005), Serge Brussolo nous convie une fois de plus à pénétrer dans un royaume qui n'existe plus que dans l'imagination de ceux qui le peuplent. Inspiré autant par le climat morbide de ‘Boulevard du crépuscule' comme de ‘Fedora' de Billy Wilder que par le trouble sujet de ‘The legend of Lilah Clare' de Robert Aldrich, ‘Le chat aux yeux jaunes' voit Mickie Katz s'enfoncer dans les sables mouvants de l'esprit autour d'une star déchue et vitriolée (ambiance ‘Les yeux sans visage' de Georges Franju). ‘L'homme au masque de cire' (dont il existe de nombreuses variations cinématographiques) a probablement également influencé cette fois-ci SB, l'homme dont l'imagination débridée et l'extraordinaire force de narration produisent depuis maintenant trente ans, avec la régularité d'un métronome, des récits hallucinants au travers desquels il ne nous laisse pas une seconde pour souffler : à chaque page, il nous amène un peu plus près du bord d'un précipice dans lequel nous sombrons presque à chaque fois (un peu moins quand même que d'habitude cette fois-ci) avec délice !
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