AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jamiK


Je ne sais pas si ça vous arrive parfois, en cherchant un livre dans votre bibliothèque bordélique, vous tombez sur un autre livre, que vous ne cherchez absolument pas, vous ne vous en souvenez plus et vous l'ouvrez pour voir, vous lisez quelque lignes, puis tout le premier chapitre, dans le cagibi des livres, debout, avec la lumière électrique vacillante, et puis vous ne pouvez plus vous arrêter… Vous avez oublié le livre que vous étiez venu chercher à l'origine, mais peu importe, parce que celui-là est vraiment prenant. Et le soir vous éteindrez la lumière un peu trop tard, jusqu'à ce que les yeux ne puissent plus rester ouverts.
Un monde balayé par de terribles tempêtes, un journaliste de guide touristique pour amateurs de sensations fortes, une jeune fille réalisant un voyage initiatique et une représentante de commerce spécialisé dans les produits qui font grossir, ce trio disparate vient donc sur cette étrange planète pour leurs missions respectives. Ce qu'on y découvre est absolument fou, c'est bourré d'idées farfelues, d'inventions délirantes, on va y rencontrer les “pesants”, ceux qui prennent du poids pour résister aux vents, des “plantés” avec les pieds pris dans du béton, des chevaux aux sabots magnétiques, des moules géantes, une maison qui se déplace avec un parachute, comme un kyte surf, et des personnages très étranges tels pathétiques Sisyphes, des façons de penser à l'envers, des philosophies de vie structurées mais complètement folles, des dogmes religieux solidement construits sur cet univers, complètement cinglés et en même temps parfaitement justifiés. Il est question de rédemption, de destin. La quête, qui n'en est pas une au départ, prend une dimension de tragédie grecque, tout juste si je n'ai pas entendu les grandes orgues retentir. Les rencontres se font comme dans les vieux contes, où chaque nouveau personnage aborde de nouvelles façons de voir, de nouvelles problématiques et amènent les héros à évoluer. Saba et David traversent ce monde comme un Gulliver, un Candide ou un Usbek découvrant une société absurde aux dogmes étranges basés sur une cohérence différente, décalée. L'ambiance générale s'alourdit au fil des chapitres, c'est inquiétant et magnifique à la fois, il y a un côté baroque et grave. Et pour ne rien gâcher, la langue est riche, il y a des envolées lyrique qui alternent avec le trivial, c'est plein d'humour, ça m'a mis plein d'images dans la tête. C'est visuel, mais aussi sonore, olfactif, sensible et même spirituel. Serge Brussolo a réussi là, avec classe et panache, un mariage jubilatoire entre le “sublime et le grotesque”, un pur bonheur de lecture, une joyeuse farce qui prend une dimension de “Divine Comédie”. J'avoue que je ne m'attendais pas à une si bonne surprise.
Commenter  J’apprécie          348



Ont apprécié cette critique (33)voir plus




{* *}