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Critique de kielosa



Vous connaissez sûrement le fameux couple de journalistes américains Louise Bryant et John Reed, qui ont été parmi les très peu d'étrangers à avoir assisté aux moments cruciaux de la Révolution russe : à I'Institut Smolny lors de la prise du Palais d'Hiver et à la réunion de l'Assemblée constituante de janvier 1918. Tous les deux ils ont laissé un témoignage crucial de ces jours hautement mémorables. John son best-seller historique "Dix jours qui ebranlèrent le monde" en 1919 et Louise son ouvrage même un an avant son mari, en 1918.

C'est le réalisateur américain Warren Beatty qui a rendu leur exploit inoubliable en faisant du livre de John Reed un film à grand succès "Reds" en 1981 et dans lequel il a assumé le rôle de John Reed. le rôle de Louise Bryant a été interprété par Diane Keaton.
Dans la liste "Ten Top Ten" des meilleurs films établie en 2008 "Reds" y figure à côté de "Citizen Kane", "Casablanca", " le Parrain" etc.

Le fait qu'ils soient tous deux morts jeunes, John à 33 ans de typhus, en 1920, et Louise de l'horrible maladie de Dercum à 50 ans, en 1936, ont, bien entendu, contribué à leur statut légendaire.

C'est en septembre 1917 que notre couple, après un périple complexe et dangereux est arrivé à Petrograd pour couvrir comme jeunes journalistes - elle a 31 ans, lui tout juste 30 - un événement d'importance mondiale et unique.

John sorti de bonne famille et de grandes universités, affable et agréable en compagnie était aimé partout. Louise suscitait des réactions jalouses, comme l'a résumé sa collègue, Dorothy Day (1897-1980) : "Elle n'avait pas le droit d'avoir un cerveau et d'être aussi jolie".
Il est vrai que Louise a obtenu une licence en histoire à l'université d'Oregon en 1909.

Les 2 se sont rencontrés en 1915 et l'année après Louise a quitté son premier mari pour se marier avec John. Après sa mort, elle a épousé, en 1924, William C. Bullitt (1891-1967), qui a été ambassadeur américain en URSS en 1933 et ensuite en France de 1936 à 1940.

Si l'on compare les 2 ouvrages, force est de constater que celui de John, écrit un bon an plus tard, est plus réfléchi et documenté, tandis que celui de Louise est plus spontané et rédigé à la première personne. "Six mois rouges en Russie " constitue, en fait, un recueil de 31 articles sur leur séjour en Russie et auquel elle a rajouté une introduction d'à peine 3 pages.
L'ensemble compte 367 pages et contient maintes photos de personnages et de documents.

Il convient de signaler l'excellente préface du traducteur José Chatroussat de 19 pages et de la qualité exceptionnelle de sa traduction qui comporte de nombreuses annotations dont certaines sont absolument indispensables pour couvrir les 99 ans entre livre et traduction.

Finalement, il est aussi intéressant de savoir que Louise étant un esprit fort indépendant et une féministe convaincue, John n'a jamais essayé d'influencer sa douce moitié dans la rédaction de ses articles.

Je conclus par une citation de Chatroussat : "La révolution russe, qui laisse entrevoir la possibilité d'un monde nouveau, devient une part d'eux-mêmes ".
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