"Lorsque le malheur te secoue, qu'il ne te lâche plus ; désirer, choyer quelqu'un, même de loin, ça te permet d'exister."
Un soir avant mes quinze ans,l'auberge fermée, mon père couché, Maryse, en robe noire,s'attardait. Elle a placé une page à musique couverte de sauterelles noir et blanc--une partition,je peux le dire,à présent --sur une liseuse et s'est installée au piano. Elle interprétait une mélodie lourde et lente ,sans paroles.Je sus par la suite que le compositeur de cette musique s'appelait Erik Satie et il s'agissait de la valse du précieux dégoûté. Pour moi ,elle évoquait plutôt un ours en costume trois-pièces valant à la messe de minuit au milieu d'une église. Enfin,je m'étais avancé dans le couloir.Puis accroupi sur les talons ,la tête dans les mains,j'avais ,en écoutant la fin ,j'avais eu envie de pleurer.
- Ce n'est pas possible de revenir en Russie. Partout y règnent la misère, l'alcoolisme et la débrouille avec, en prime, toutes ces idioties racontées autour de la souffrance, la vodka, les icônes, le côté fataliste de l'âme slave...C'est un pays terrible qui n'accepte plus la différence de peau, de couleur ou de langue entre les gens de son peuple. C'est le pays du froid noir.
( p.175)
J'ai découvert qu'en Amérique du Nord- alors que la peine de mort est maintenue dans la plupart des États-, il se créait des maisons d'arrêt ressemblant à des fermes éducatives.On y apprenait à dresser les chevaux, on se dressait soi-même, se redressait.
( p.140)