AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de isanne


André Bucher possède la rare faculté de nous parler de la société des hommes en la replaçant au milieu d'un tout dont elle semble, depuis longtemps, avoir oublié qu'elle appartenait.


Bernie est un homme brisé : son fils est mort brutalement au soir d'une journée de travail comme les autres, le chagrin qui l'a rendu taciturne et solitaire a fait fuir sa femme et se retrouvant seul, il retourne vivre sur une parcelle isolée, une terre qu'il avait toujours voulu habiter.
Sylvain, gilet jaune, perd sa mère lors d'une manifestation, un accident, comme le reflet d'une contestation perdue d'avance.
Elodie a reçu un appel téléphonique : elle doit se rendre de toute urgence à l'école pour emmener sa fille à l'hôpital.
Edith fuit dans la nuit, elle veut s'éloigner de celui qui la violente, s'éloigner d'une vie qu'elle refuse désormais.

Ils sont tous en chagrin, tous perdus, seuls, sans rien ni personne, à quoi s'accrocher, la vie file, ils restent sur le côté, abandonnées, inadaptés.
Ils vont se croiser, se rencontrer , se parler, s'écouter et réapprendre à vivre doucement. Ils deviennent autant de consolants l'un pour l'autre, autant de raisons d'espérer que la vie peut continuer, alors que tout, hommes et idées, semble voué à une seule chose : la misère. La nature, la faune sauvage, les oiseaux, le rythme des jours, la lune et les étoiles comme autant de bergers vers un monde plus doux, qui pourrait être acceptable. Sans oublier cette belle image du chien surgi de nulle part et qui ne quitte plus celui qu'il a choisi de consoler, de guider, désormais...


C'est un récit d'une grande tristesse, tout en pudeur, qui parle du mal que sont capables de se faire les hommes quand il ne faudrait que vouloir s'entraider pour continuer à vivre ensemble, quand il faudrait ajouter le mot "Amour" tout simplement, comme le début d'un renouveau, à nos langages de vie...
Qui évoque l'incompréhension de l'homme devant son environnement, de celle qui est en train de détruire ce qui devrait être préservé.


La poésie des mots est toujours présente chez André Bucher, les images qui en naissent fabuleuses, le fond musical également : le Blues n'est jamais loin...


On dirait simplement que les ténèbres envahissent un peu plus ses récits au fil des livres comme nos vies...
Sommes-nous capables de nous en rendre compte et de réagir ? Il est encore temps de changer nos modes de vie humains et notre rapport à la nature. Mais sommes-nous assez en nombre pour le vouloir ?

Je remercie Babélio et les éditions le Mot et le Reste pour avoir permis cette si belle lecture.

Commenter  J’apprécie          4523



Ont apprécié cette critique (40)voir plus




{* *}