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Critique de 5Arabella


Écrite en 1835, alors que l'auteur a à peine 22 ans, la pièce est publiée la même année, mais elle ne connaîtra sa première représentation sur scène qu'en 1902. Il faut dire que l'auteur est mort deux ans après, et que ses activités révolutionnaires le rendaient suspect aux autorités politiques de son temps. Ce n'est que vers la fin du XIXe siècle qu'il est reconnu comme un écrivain important, grâce en particulier à sa pièce pourtant inachevée, Woyzeck, et à La mort de Danton.

L'action de la mort de Danton se déroule en 1794, pendant la Terreur. La France est en guerre, la Révolution fait face aux armées étrangères ainsi qu'à des résistances intérieures, comme la guerre de Vendée. Mais il y a aussi les luttes de factions parmi les révolutionnaires. L'exécution des Girondins en 1793, est suivie au début de l'année 1794 par celle des hébertistes. Les proches de Danton, ou les indulgents, sentent monter le danger autour de leurs personnes, ils pourraient être les suivants sur la listes du Comité du Salut publique dominé par Robespierre. Ils tentent de mettre en garde Danton, et lui faire reprendre l'offensive. Mais ce dernier n'est pas décidé à réagir, perdu dans ses plaisirs, dans une forme d'indolence, teintée de culpabilité. L'histoire est en marche, Robespierre et Saint-Just sont décidés à en finir avec ceux qu'ils trouvent trop indécis.

Il y a en quelque sorte trois forces en présence. Danton et ses amis, Robespierre et ceux qui l'appuient, et le peuple. Ce dernier est toutefois en retrait, plus spectateur que véritablement acteur, et surtout il se laisse manipuler, par celui qui sait toucher la bonne corde au bon moment. Même si ce qui se passe est censé se faire en son nom. L'opposition entre les deux factions politiques est plus une opposition entre deux personnalités que vraiment deux pensées politiques en tant que telles. Robespierre qui revendique une vertu poussée à son extrême, refuse toute forme de plaisir, de bonheur, revendique un ascétisme extrême qui frise le masochisme. A l'opposé, Danton vit dans la recherche du plaisir à tout prix, dans une forme de fuite en avant, qui ressemble à de l'auto-destruction. Il se refuse de réagir, attend, répète « ils n'oseront pas ». Ne se met en branle que lorsqu'il est trop tard. A l'opposé Robespierre a tout d'une machine implacable, qui poursuit son but sans relâche, sans aucun doute sur sa légitimité.

C'est un objet étrange que cette pièce, avec ses personnages innombrables, ses différentes thématiques. Elle laisse une sensation de chaos, sans fournir de fil directeur. Les événements représentés semblent échapper à la maîtrise des hommes, la machine une fois lancée, ne peut plus être stoppée. La violence est par moments insupportable, suffocante, sans alternative. Une question de sens se pose. Parce que, bien que l'auteur reprenne des citations des personnages historiques qu'il met en scène, il n'y a pas à mon sens de véritable vision politique qui apparaisse clairement. Tout semble confus, y compris pour ceux qui sont censés mener les événements.

Mais dépeindre cette confusion, cette difficulté à mettre en place des institutions, un fonctionnement social, définir un objectif commun, était peut-être le but de l'auteur.
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