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Critique de tiptop92


Georg Büchner - La Mort de Danton - 1835 : Danton le tribun est épuisé par deux années de révolution qui l'ont vu combattre à l'assemblée nationale les partisans d'une dictature populaire armée. Mais les mots ne peuvent plus rien contre la guillotine dressée comme un instrument d'épuration par Robespierre et ses amis. La terreur noie les idéaux de l'an 1 dans un bain de sang qui s'étend de la conciergerie à la place de la révolution. Alors que ses camarades le pressent de se pourvoir encore une fois contre l'incorruptible, lui décide de laisser faire l'indicible préférant suivant ses mots "être guillotiné que guillotineur". Ce texte sous forme de pièce de théâtre avait la force d'un manifeste, il actait la détermination d'un homme bien décidé à donner une belle mort à l'histoire de France. Mais cette désinvolture devant l'impossible n'était pas partagée par l'ensemble de ses coreligionnaires. Car ce drame qui mélangeait exaltation et résignation épongeait l'esprit de quelques hommes désemparés devant leur mort prochaine. Georg Buchner qui s'était beaucoup inspiré de la littérature historique française pour écrire sa pièce incorporait nombre d'anonymes à sa trame la rendant ainsi plus abordable et authentique. L'écrivain allemand avait compris que le peuple était dépositaire de cette révolution qui se nourrissait des besoins sanglants de la populace. Malgré les massacres incessants et les innocents de plus en plus nombreux à être culbutés dans la tombe, la foule était toujours aussi fournie au passage des tombereaux remplis de condamnés et peu lui importait que les héros d'hier soient les sacrifiés d'aujourd'hui. Rien ne pouvait sauver les Danton, Lacroix ou Camille Desmoulins, même pas l'amour de leurs compagnes qui mourront pour la plupart sur l'échafaud à la suite de leurs illustres conjoints. Ce livre par son éloignement évitait les passions domestiques. Il ne prenait pas partie mais se contentait de décrire les émotions d'hommes et de femmes emportés par la folie d'événements qu'ils ne contrôlaient plus... un texte implacable.
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