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Critique de cats26


Les histoires de famille m'ont toujours plu. C'est la raison pour laquelle je me suis inscrite pour recevoir ce livre de la part de Babelio et des éditions L'Iconoclaste que je remercie au passage.

Ce roman est autobiographique. L'auteure ne semble rien cacher de son histoire familiale à la fois si particulière et à la fois représentative de l'intégration des enfants d'immigrés.
Ce qu'elle évoque ici pour sa famille originaire du Vietnam aurait certainement pu s'appliquer pour une famille issue d'une autre immigration : le sentiment des enfants (la deuxième génération) de se sentir français et d'être confronté à leur différence du fait de leur apparence physique. La métaphore de la banane est particulièrement bien trouvée : jaune dehors mais blanc dedans.
L'auteure pointe du doigt les stéréotypes accolés aux vietnamiens.
Et ce sentiment d'être français crée de la distance au sein même de leur famille, face à leurs parents encore attachés à leurs origines. le fossé générationnel devient fossé culturel.

Le point de départ du roman, de l'enquête de l'auteure, c'est de mieux connaître son père, homme déjà peu disert et secret avant l'AVC qui le rend aphasique.
Elle replonge alors dans ses racines qu'elle a toujours niées pour pouvoir mieux s'intégrer et révèle alors des secrets de famille enfouis.

J'avoue que le début est un peu lent, lorsque la narratrice/auteure tente de cerner son père. Elle essaie de pénétrer sa façade silencieuse et impassible par différents biais, différents thèmes mais le personnage paraît hermétique à une connaissance approfondie.
Je retiens néanmoins la description très claire et précise des effets de l'attaque du père.
Le silence du père n'est pas seulement physique (incapacité de parler) mais aussi affectif,semble-t-il, voire symbolique et culturelle (éviter de « perdre la face »).
La plongée dans la culture vietnamienne (la question de hiérarchie sociale, notamment) nous révèle des aspects d'une communauté, d'une culture, d'une façon de penser peu mises en avant en dehors des éléments liés à la guerre du Vietnam et souvent confondues avec la communauté et la culture chinoise.
Au delà de l'aspect de découverte culturelle, c'est la relation père-enfant traditionnelle que l'auteure interroge. Il est vrai que le père, c'est souvent celui qui au téléphone vous passe plus au moins rapidement votre mère, c'est celui qui était plus lointain dans votre enfance, moins proche de vos petites préoccupations d'enfant et d'ado (vos disputes avec les copines, vos boutons d'acné, votre apparence physique …). C'est le cas pour Doan Bui et ses frères et soeurs et tenter de mieux comprendre leur père finit par relever de l'enquête journalistique.

En résumé, ce roman m'a beaucoup plu, moins pour la forme, même si l'auteure a parfois des phrases d'une grande justesse mais surtout pour le fond : l'accueil et l'intégration des immigrés (question d'actualité brûlante), l'interrogation sur l'identité française (qu'est-ce qu'être français alors que toutes les références, jusqu'à l'onomastique, n'ont rien à voir avec le français ?), le souvenir de mondes disparus (le Sud Vietnam non communiste mais cela pourrait être l'Algérie française, l'Iran du Shah...), le sentiment d'être apatride (n'appartenir ni ici, ni là-bas) sont des thèmes que j'ai trouvés passionnants et qui m'ont touchée.
Trois étoiles et demie.

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