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Citations sur Le silence de mon père (17)

Jusqu'en 1945, les Françaises perdaient leur nationalité quand elles épousaient un "étranger" ! Le droit était machiste et les pères immigrés étaient les seuls dont l'existence était archivée dans l'état civil. Leurs épouses, elles, disparaissaient.
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“ Ma famille me paraissait vide, sans racines, sans lieux à épingler sur une carte. Un château de sable sans fondations.”
“Lors de ces longs trajets, nous pleurnichions, nous nous disputions, nous vomissions parfois. Mon père restait toujours calme. La route l’apaisait.
Ovide écrit que les exilés laissent leur corps derrière eux.
En voiture papa était juste là, son corps et son âme enfin rassemblé. Serein.”
“Nous sommes, mon frère, mes soeurs et moi, des enfants “bananes”, jaunes à l’extérieur, blancs à l’intérieur. Tous nés en France. De purs produits de la République française. (…) Mon père s’accrochait à son pays perdu grâce à la nourriture. Ma mère cuisinait vietnamien pour mon père, français pour nous.”


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J'étais française née en France, mais de parents étrangers. La dame exigeait un "certificat de nationalité française". On me sommait de prouver que j'étais française.
Je protestais, je vis l'agacement dans les yeux du cerbère du guichet, et je réalisai soudain que j'étais en train de traverser cette membrane fine et fragile qui sépare les heureux des damnés. J'avais sombré dans le marigot des mal-nés. Ceux qui font la queue pour leur titre de séjour, ceux qui ont tellement changé de nom qu'ils ne savent plus lequel est le vrai, ceux qui n'ont pas les bons tampons, les bons visas, ceux qui quémandent et sourient. Ceux qui sont par définition suspects. Tout à coup, je n'étais plus dans le bon camp. Je n'étais pas française comme je l'avais prétendu depuis si longtemps. J'étais une étrangère. une de plus.
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L'exil brise les pères. [...] Les pères font la guerre pour défendre leurs terres et leurs biens, ils racontent des histoires, les grandes histoires dont se rappelleront les enfants plus tard. Sur leur sol, dans leurs familles, ils inspirent la fierté, ils sont les souverains de droit divin. [...] mais dans l'exil, un père n'a plus de gloire. On lui a coupé les ailes [...] Il s'effondre, il n'est rien. Et quand il se relève, il est l'homme qui se bat contre des moulins: on ne le comprend pas, on le toise de haut. Il rentre, harassé par le travail, presque un étranger dans sa propre maison, il ne peut plus raconter d'histoires à ses enfants, ils ne comprennent plus sa langue, et de toute façon il rentre trop tard pour leur raconter quoi que ce soit. Sa femme le chérit, le nourrit, ses enfants le respectent, répondent sans insolence, mais ils sont déjà passés de l'autre côté. Ils l'ont trahi.
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Chaque individu était résumé en deux lignes dans le Bulletin des lois. Un nom, une date, un lieu de naissance : une vie. Ces personnes avaient aimé, souffert, travaillé, espéré. Puis elles avaient disparu, leurs existences aussi légères qu'un songe, aussi fugaces qu'une empreinte de pied sur le sable. Aujourd'hui qui se souvenait encore d'elles? Toutes les personnes qui les avaient connues avaient disparu, leurs enfants également, leurs petits-enfants. Leur souvenir était passé de mains en mains pour devenir de plus en plus mince, s'évanouissant enfin, comme les pétales ombreux des fleurs de pissenlit.
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Tout comme j'ai l'impression d'être "née" de mes filles. Je me suis jamais sentie aussi "fille de ma mère" qu'en devenant "mère de mes filles".
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Parfois, le corps parle à votre place. Avant d'arriver en France, mon père n'était ni allergique, ni asthmatique. L'allergie, la toux, l'asthme, toutes ces pathologies se déclarèrent en France, comme si son organisme se révoltait face à tant d'étrangetés, ce nouveau climat, cette nouvelle langue.
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Dès que mon père parlait sa langue, sa voix portait davantage. Dans la rue, les gens se retournaient parfois. Adolescente, j'avais honte. Aujourd'hui, j'ai honte d'avoir eu honte. Tous les adolescents rejettent leurs parents. Mais pour les enfants d'immigrés, le rejet est plus sournois : avoir honte de ses parents, c'est avoir honte de ses racines, avoir honte de ce que vous êtes, tout simplement.
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Ma mère s'est drapée dans le silence. C'était son bouclier dans la tristesse. Ma mère est d'une génération et d'une culture où l'on ne parle pas. Parler, c'est perdre la face. C'est la honte. C'est pleurnicher et se complaire. Un truc de mauviette, un truc de riches. Un truc de "Français"
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Aujourd'hui j'ai honte d'avoir eu honte.Tous les adolescents rejettent leurs parents.mais pour les enfants d'immigrés le rejet est plus sournois: avoir honte de ses parents, c'est avoir honte de ses racines, avoir honte de ce que vous êtes tout simplement
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